Quand on se lance dans l’écriture d’un roman ou d’une nouvelle, le choix du narrateur et du point de vue sont essentiels. Voilà ce qu’il est important de connaître…
Le narrateur est celui qui raconte l’histoire. À ne pas confondre avec l’auteur du récit qui lui écrit l’histoire ni avec les personnages (le narrateur n’est d’ailleurs pas forcément un personnage du récit).
Le point de vue est un choix que fait le narrateur pour raconter son histoire : il choisit un angle de vue, un jeu de “caméras”. Le point de vue est en relation avec ce qu’il sait des faits et des événements.
Il existe :
– deux types de narrateur : le narrateur interne et le narrateur externe
– trois types de point de vue :externe, interne et omniscient.
1/ Choix du mode narratif
Récit à la première ou à la troisième personne ?
a / Récit à la première personne :
Le narrateur interne est un personnage impliqué dans l’histoire, souvent même le personnage principal du roman. Il est parfois un personnage secondaire, mais plus rarement.
Écrire à la première personne implique de bien connaître les pensées et les émotions du narrateur et d’être au plus proche de lui. L’utilisation du « je » facilite la forte identification du lecteur.
Un exemple ?
L’étranger de Camus (impossible de ne pas l’évoquer, je suis une inconditionnelle de l’auteur !)
b / Récit à la 3e personne
Le narrateur externe parle comme un témoin ou un observateur de l’histoire. Il ne fait pas partie de l’histoire et ne fait que la raconter.
2/ Choix du point de vue narratif
Pour un récit à la 3e personne, nous avons le choix entre trois points de vue du narrateur
a / le point de vue externe ou la focalisation externe
Le narrateur demeure un observateur extérieur et ne décrit que ce qui est visible. La narration se fait donc de l’extérieur et ne prend en compte que ce qui est perceptible.
Dans ce point vue externe, le lecteur n’a pas directement accès aux pensées, aux sentiments et aux émotions d’un narrateur ou d’un personnage.
Un exemple ?
Des souris et des hommes de John Steinbeck
L’auteur utilise uniquement la focalisation externe. Précisons que c’est assez rare. Même si cette technique narrative a beaucoup été employée dans la littérature du XXe siècle.
b / le point de vue interne ou focalisation interne
La narration se fait du point de vue d’un personnage prenant part à l’histoire. Le narrateur ne dit que ce que sait tel personnage.
Les marques de la focalisation interne sont la présence massive d’un personnage en position de sujet (nom ou pronoms le désignant) et l’usage de verbes de perception, d’opinion et de compréhension liés à ce personnage.
Un exemple ?
La Chartreuse de Parme de Stendhal.
Dans le chapitre 3 par exemple, Stendhal décrit la bataille de Waterloo. La scène est intégralement vue à travers les yeux du héros du roman, Fabrice del Dongo, qui, perdu au milieu de la bataille, n’en a aucune vision globale.
« Il avait beau regarder du côté d’où venaient les boulets, il voyait la fumée blanche de la batterie à une distance énorme, et, au milieu du ronflement égal et continu produit par les coups de canon, il lui semblait entendre des décharges beaucoup plus voisines ; il n’y comprenait rien du tout. »
c / le point de vue omniscient ou la focalisation zéro
On parle dans ce cas de narrateur omniscient, car il sait tout et plus que les personnages. Leur passé, leur futur, leurs sentiments, leurs émotions, etc. Il peut entrer dans l’esprit de tous les personnages, connaît tous leurs sentiments et n’est pas arrêté par les barrières naturelles auxquelles se heurtent les personnages du récit : il traverse les obstacles spatiaux (il sait, par exemple, ce qui se passe dans une pièce close) et temporels ; il peut annoncer des événements futurs, par effet de prolepse. Une figure de style par laquelle sont mentionnés des faits qui se produiront bien plus tard dans l’intrigue :
« Cet hiver 1657 était notre première « mauvaise saison » et il ne fut pas des plus cléments. […]
Dans la focalisation zéro, le point de vue narratif est le plus souvent surplombant, il donne de la scène une vision totale. Évoquons à nouveau la bataille de Waterloo.
Pour bien comprendre, voila la description que Victor Hugo en fait dans Les Misérables :
« Ceux qui veulent se figurer nettement la bataille de Waterloo n’ont qu’à coucher sur le sol par la pensée un A majuscule Le jambage gauche de l’A est la route de Nivelles, le jambage droit est la route de Genappe, la corde de l’A est le chemin creux d’Ohain à Braine-l’Alleud »
Hugo écrit comme si la scène était vue du ciel, ce qui confère au récit un point de vue « inhumain », presque divin. La focalisation zéro fait du narrateur un double de l’auteur.
Remarque : La focalisation zéro est souvent utilisée – en alternance avec la focalisation interne – pour accentuer la dimension psychologique d’un récit. Le narrateur peut entrer dans tous les esprits, il connaît les sentiments ainsi que les motifs qui poussent les personnages à agir.
Pour finir, l’auteur est libre de ses choix. Mais cette liberté a un prix, car ces choix faits, vous ne pourrez pas revenir en arrière. En fait, il est possible de le faire mais soyez en bien conscients. Car chaque fois que vous passez d’une focalisation à l’autre, vous affaiblissez vraiment votre texte. Traquez les changements involontaires de point de vue. Si vous vous en tenez à ce que vous avez décidé au départ, votre texte y gagnera en force.
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Bonjour Marie-Adrienne
Je planche actuellement sur un livre en tenant compte de vos conseils » lire comme un écrivain « .
Vous dîtes que le narrateur interne est un personnage impliqué dans l’histoire. Le personnage de l’histoire s’appelle Joséphine et parfois l’auteur – Pancol – utilise le » je » ou le ‘elle ». Peut-on considérer que le narrateur est interne même si Pancol emploie la troisième personne pour faire parler de Joséphine ?
Est ce qu’un narrateur interne est forcément un narrateur qui parle à la première personne ou peut on utiliser la troisième personne?
Un récit à la troisième personne, dites vous, implique un narrateur externe qui parle comme un témoin. Mais la majeure partie des livres sont écrits à la troisième personne. Maigret est il un narrateur externe ou interne ?
Merci de m’éclairer car j’avoue être un peu perdue.
Cordialement
Marie Th
Bonjour
Je reprends :
L’auteur d’une oeuvre est celui qui l’a créée et qui la signe. C’est l’écrivain, une personne réelle.
Le narrateur est l’être inventé par l’auteur pour raconter l’histoire. Il est le « conteur » du récit.
Le personnage est l’être imaginaire qui vit et accomplit les actions de l’histoire.
L’écrivain a le choix entre 3 points de vue du narrateur.
Chaque point de vue a ses avantages. L’écrivain peut donc changer le point du vue du narrateur au cours du récit et même d’un paragraphe ou d’une phrase à l’autre. Il peut aussi faire le choix d’un seul point de vue du narrateur du début jusqu’à la fin, mais c’est plus rare.
En résumé :
# En point de vue interne, le lecteur en sait autant que le personnage – narrateur interne : ni moins ni plus. Il vit à son rythme, voit avec ses yeux, pense avec lui, etc.
Le point du vue interne est un point de vue qui vient de l’intérieur : un personnage de l’histoire sert de narrateur (même s’il ne dit pas « je »). C’est à travers lui que le lecteur découvre les événements. Le lecteur a accès aux pensées de ce personnage, à ses sentiments, à ses connaissances et à sa vision des choses, qui est forcément limitée.
# En point de vue externe, le lecteur a très peu d’informations et en sait moins que les personnages. Il assiste aux scènes, découvre les faits comme les gens et cherche à comprendre.
Le point de vue externe est un point de vue qui semble placé en observateur, à l’extérieur du récit. Le narrateur externe ne sait rien. Il n’est pas un personnage mais une sorte de caméra qui filme, qui montre mais qui n’explique rien. Le lecteur suit l’histoire comme un nouveau venu ignorant qui découvre sans cesse des choses car il n’est au courant ni de l’identité des personnages ni des raisons de leurs comportements ni de ce qui s’est passé auparavant ni même parfois du lieu où on se trouve, etc. Souvent, le narrateur externe ne témoigne d’aucune impression personnelle. Il paraît découvrir, sans le comprendre vraiment, ce qu’il relate.
Ces nouvelles précisions devraient répondre à vos questions.
Bien à vous
coucou Adrienne
J’ai tardé à vous répondre ( jardinage …. ce qui fait que je délaisse mes autres occupations …)
J’ai bien lu vos explications qui m’ont éclairée. J’ai noté que vous n’avez pas hésité à me répondre à 23h, tandis que je dormais. Je vous remercie d’avoir pris cette peine de le faire. Savez vous que sur un autre site, les mêmes conseils sont payants ?
Je vous souhaite encore plus de succès avec votre site. Vous le méritez largement.
Marie Thérèse
Bonsoir Marie-Thérèse
Contente d’avoir pu vous éclairer.
Revenez quand vous voulez et n’hésitez pas, je vous aiderai, si je peux.
Bien à vous
Chère Adrienne,
J’écris actuellement une biographie « romancée »…
La narratrice indique une conversation « rapportée » par son neveu, (entre le petit-fils et la grand-mère…)
Elle indique :
Janvier 1983.
Voici les propos rapportés par Florian mon neveu…
18 h 28. Matka, ma mère, et Florian son petit-fils, étaient assis dans la salle à manger. L’horloge comtoise égrenait son tic-tac caractéristique. Ils jouaient sur un vieux jeu d’échecs. Tradition familiale oblige.
Bonjour Jean
Je vous ai répondu en message privé.
Bien à vous
J’adore ce site .Merci beaucoup vous m’avez été d’un grand secours
Merci. Revenez autant de fois que vous voulez.
A très vite
Personnellement, le narrateur de mon roman en cours va et vient de personnage en personnage. Il n’est pas réellement omniscient mais il n’est pas non plus à 100% dans un seul point de vue.
Ce que j’aime dans cette façon de faire, c’est l’immersion dans l’émotion des personnages sans être réduit à un seul d’entre eux.
A PROPOS DE L’INTRIGUE ET LE PERSONNAGE
Je pense que dans un roman, l’intrigue est comme un INGRÉDIENT principal
qui va donner le ton de votre sauce.
c’est l’intrigue qui sollicite l’appétit du lecteur, et le fait souvent revenir, à son appétit primitif, de tout ce qui échappe à son entendement.
Bonne nuit merci et à bientôt
FREDERIC
Trés intéressant surtout pour les élèves du BAC.
ce site est pour moi un lieu de refuge;il est en même temps mon monde des idées.je trouve comme d habitude les solutions à mes inquiétudes ici;il est bien constitue;bien structure et facile a exploiter.je suis toute a fait satisfait quand j exploite ce site.das ist wunderbar;sehr interssant;danke…
Contente que le blog réponde à vos attentes.
j’aimerais bien des éclaircissements en ce qui concerne la focalisation
Bonjour
C’est à dire ?
Qui sont les questions directes dans la leçon de les personnages dans le roman du XIX siècle. ?
Qu’est ce qu’on doit retenir ?
Je ne comprends pas bien la question.
Bonjour,
Je rencontre quelque problème au niveau de l’ecriture de mon roman.
Au niveau de la narration, j’ai commencée mon histoire avec un personnage parlant à la première personne ( focalisation interne, si j’ai bien compris.) Cependant, je voulais savoir si il m’étais possible de faire parler un nouveau personnage à la troisième personne ? Cela ne risque t-il pas d’être étrange ? Et si je fais intervenir un autre personnage, ais-je besoin de le faire dès le début de l’histoire?
Merci de votre réponse.
Bonjour
Oui c’est possible. Maintenant tout dépend de votre intrigue. De votre histoire. Et de la façon dont vous amenez les personnages.
A vos succès d’écriture
Bon après midi!
Vous m’avez permis de nourrir ma curiosité en ce qui concerne certains détails précis. Je vous dis merci.
Bonjour,
J’aimerai avoir votre avis sur l’écriture d’un roman où le narrateur ( qui dans ce cas est aussi l’auteur )écoute parler le personnage important raconter sa vie. Le narrateur utilise le -tu- pour désigner ce personnage et s’identifie avec le -je-.
Exemple
Condamnée à te souvenir de ton enfance, tu ne voyais que moi pour me raconter ta vie, tes petits bonheurs et tes grands malheurs comme ton mariage à seize ans. Forcée, contrainte, non pas à cause de tes parents et ta famille qui t’y obligèrent ni parce que tu étais sans défense et considérée comme instrument de jouissance ni de bien d’autres intentions, mais du fait que tu vivais dans une société de traditions, de coutumes, de dogmes. Bien que résignée à la chose, pouvais-tu imaginer que les maux de ta ligne de vie viendraient de barrières édifiées autour de toi, faisant de toi un être contingent.
Merci
Bonjour
Je pense que c’est une bonne idée mais il ne faut pas s’emmêler les pinceaux lors de l’écriture.
A vos succès d’écriture
Bonjour Marie-Adrienne ! Je veux bien parvenir à comprendre les éléments qui entrent en jeu dans une narration ; si possible un exemple de sujet fait. Merci
Bonjour
Je le dis précisément dans l’article !
Bien à vous
Je cherche la réponse à une question depuis un bon moment sur internet, je ne trouve pas la réponse, c’est la suivante : Quel est le type de narration le plus courant dans les romans classiques ?
Vous pouvez préciser votre question ?
bonjour Marc-Adrienne et merci encore pour cet article. s’il vous plait j’aimerais savoir si la description du narrateur est facultatif dans la narration interne.
par exemple : je suis un homme grand au teint clair…
ça me semble un peu bizarre de le faire
Effectivement fait comme cela, ca fait bizarre
Mais… « Dans mon accoutrement de colosse au teint clair, je ne suis pas passé inaperçu dans la foule immense et surchauffée de la fête… »
Ça pass mieux, non ?
Bonsoir Marie-Adrienne. Merci pour votre réponse. je pense que c’est l’exemple qui me manquait.
merci et beaucoup de courage, le site est très instructif !
Bonsoir Marie-Adrienne,
Déjà, merci pour cet article très instructif.
J’espère que j’obtiendrais une réponse à ma question étant donné que ça fait longtemps qu’il n’y a pas eu d’intervention ici.
J’ai écrit le premier tome d’une histoire à la première personne, du point de vue du personnage principal donc, et pour le tome suivant (et encore les suivants), je voudrais passer à un point de vue externe.
Cela est-il possible sans que ça ne choque trop le lecteur qui a été habitué à l’aspect plus intimiste de la narration à la première personne ?
Y a-t-il des moyens ou des petits trucs à savoir pour permettre aux lecteurs de continuer à être immergés dans l’histoire et attachés aux personnages ?
Merci d’avance pour vos réponses.
Florian
Bonjour
Désolée pour ma réponse plutôt tardive.
En écriture, tout est possible. Et c’est vous le maître du jeu. Mais c’est aussi à vous de ne pas perdre vos lecteurs en route et de trouver des subterfuges pour garder leur attention et leur adhésion aux personnages. Les trucs… par exemple avoir des fiches personnages bein tenues… et continuer de distiller les infos à propos de chaque personnage pour les faire découvrir toujours plus aux lecteurs.
Bien à vous