Dans le dernier article, une faute d’accord s’était glissée dans le texte. Satanés verbes pronominaux ! Heureusement, un lecteur l’a signalé et l’erreur fut vite rectifiée…
Erreur de frappe, inattention, manque de relecture… ou erreur tout court ! Peu importe, mais j’avoue que des questions se posent souvent face à l’accord d’un participe passé des verbes pronominaux.
J’ai donc pensé qu’un petit rappel servirait sans doute à tous… C’est un article peu attrayant mais quand on écrit, mieux vaut savoir accorder les participes passés.
1 / Définition des verbes pronominaux
Les verbes pronominaux sont les verbes qui se conjuguent avec un pronom réfléchi de la même personne que le sujet.
Les pronoms réfléchis sont me, te, se, nous et vous. Les formes élidées de me, te et se sont m’, t’ et s’.
Exemples :
– Je me lave.
– Tu te demandes.
– Il se trompe.
– Nous nous réjouissons.
– Vous vous dites.
– Ils se rencontrent.
Attention : Dans « Elle nous demande… »,
demander n’est pas à la voix pronominale : nous n’est pas à la même personne que le sujet. Ce n’est pas un pronom réfléchi mais un pronom personnel complément d’objet direct placé avant le verbe.
2 / Accorder les participes passés des verbes pronominaux
Pour savoir accorder leur participe passé, il importe avant tout de bien distinguer les différentes catégories de verbes pronominaux :
Les verbes pronominaux se divisent en plusieurs catégories :
1 / Les verbes essentiellement pronominaux (qui n’existent pas sous une autre forme ) :
Exemples : s’absenter, s’abstenir, s’acharner, s’adonner, s’ébattre, s’ébrouer, s’écrier s’efforcer, s’emparer (de), s’empresser, s’enfuir, s’enquérir s’ensuivre s’entraider s’envoler s’éprendre s’esclaffer s’escrimer s’évader, s’évanouir s’évertuer s’exclamer s’extasier s’immiscer s’ingénier s’insurger s’obstiner, s’opiniâtrer, se blottir se carrer, se chamailler, se dédire, se démener, se désister, se gargariser, se gausser, se lamenter, se méfier, se méprendre, se pâmer, se parjurer, se prélasser, se prosterner, se rebeller, se rebiffer, se récrier, se recroqueviller se réfugier se renfrogner, se rengorger se repentir se soucier se souvenir se suicider se tapir, se targuer (de)…
- Elle s’est évanouie
- Elle s’est élancée sur la piste du stade.
- Ils se sont adonnés à la peinture.
- Elles se sont efforcées de rétablir l’équilibre.
- Les oiseaux migrateurs se sont envolés vers les pays chauds.
- Les habitants se sont entraidés lors de l’inondation d’octobre.
- Les chats se sont réfugiés derrière le canapé.
Les verbes « s’évanouir », s’élancer », « s’adonner », « s’efforcer », « s’envoler »,
« s’entraider » « se réfugier » n’existent que sous la forme pronominale.
Il y a donc accord du participe passé avec le sujet.
2 / Les verbes pronominaux non réfléchis
Exemples :
s’apercevoir (de), s’attaquer (à), s’attendre (à), s’aviser (de), se douter (de), s’échapper (de) s’ennuyer (de) se jouer (de), se plaindre (de) se prévaloir (de), se refuser (à) se saisir (de) se taire
- Elle s’est aperçue de son erreur.
L’action d’apercevoir ne se reporte pas sur le sujet « elle » n’a pas aperçu « s’ » mis pour « elle », donc c’est un verbe non réfléchi.
- Devant tant de mauvaise foi, ils se sont tus.
Le participe passé s’accorde avec le sujet « ils », donc au masculin pluriel.
3 / Les verbes pronominaux de sens réfléchi
Exemples : se laver, se regarder, se cacher, se cogner, se couper, se croire, se raser, se chausser, s’adjoindre, se coucher, se peigner, se relever, se montrer, se blesser, s’égratigner, se déshabiller…
Dans ces verbes, le pronom personnel réfléchi « se » renvoie au même être ou au même objet que le sujet. Donc accord du participe passé avec le sujet
- Je me suis cognée contre la fenêtre.
J’ai cogne « me », c’est-à-dire « moi, ma personne » contre la porte : le sens du verbe est dit réfléchi.
- Elle s’est maquillée minutieusement pour cette soirée.
C’est elle-même (« s’ », mis pour « elle ») qu’elle a maquillée.
4 / Les verbes pronominaux de sens passif
Exemples : s’en vouloir, se mentir, se rire (de), s’entre-nuire, se nuire, se sourire, se complaire, se parler, se succéder, se convenir, se plaire, se suffire, se déplaire, se ressembler…
- Les abricots se sont bien vendus cette année.
« Les abricots » (sujet) subissent l’action d’être vendus.
- Ces deux rois se sont succédé sur le trône.
On succède à quelqu’un, d’où l’expression « transitivité indirecte ».
- Mère et fille se sont parlé de leurs difficultés.
On se parle, éventuellement de quelque chose, mais on ne se parle pas « quelque chose » ; il ne peut y avoir ici de COD.
- Ils se sont menti.
On ment à quelqu’un ou l’un à l’autre, « se » est ici complément d’objet indirect et non COD, donc menti reste invariable.
5 / Les verbes pronominaux de sens réciproque
Exemples :
se battre, s’entre-haïr, se chercher, se disputer, s’entre-dévorer, s’appeler, s’insulter, s’embrasser, s’injurier, s’entre-déchirer, s’entraider, s’enlacer…
Dans ces verbes, l’action est accomplie par un sujet sur un autre sujet, l’un par rapport à l’autre, l’un envers l’autre.
- Ils se sont battus
Ils se sont battus l’un contre l’autre, réciproquement.
- Ils se sont disputés puis ils se sont battus.
Ils ont disputé qui ? ils ont battu qui ? « se », pronom COD placé avant le verbe, mis pour « ils », donc accord au masculin pluriel. Donc le participe passé s’accorde avec le sujet.
3 / Participes passés invariables
Les participes passés des verbes pronominaux suivants demeurent invariables :
Ceux des verbes de sens réfléchi dont le COD est placé après le verbe :
- Elle s’est lavé les cheveux.
Il faut faire le raisonnement avec l’auxiliaire « avoir » : elle a lavé quoi ? « les cheveux » : le COD est placé après le verbe, donc le participe passé reste invariable.
En revanche, dans l’exemple : « Elle s’est lavée », lavée, participe passé d’un verbe pronominal de sens réfléchi, s’accorde avec le pronom COD « s’ » (elle a lavé qui ? « s’ », mis pour « soi », donc au féminin singulier).
Ceux des verbes intransitifs ou transitifs indirects employés comme verbes pronominaux, qui ne peuvent avoir de COD :
- Les deux jeunes gens se sont plu
On plaît à quelqu’un, donc plu est invariable.
- De nombreux rois se sont succédé sur le trône de France.
On succède à quelqu’un, donc succédé est invariable.
Le participe passé du verbe « se faire », lorsqu’il est suivi d’un infinitif.
- Elles se sont fait connaître auprès de leurs voisins.
4 / Cas particuliers :
Le participe passé suivi d’un attribut du pronom réfléchi
Les participes passés des verbes pronominaux suivis d’un attribut du pronom réfléchi s’accordent avec ce pronom.
- Elle s’est crue intelligente en lançant sa remarque.
Crue est suivi de « intelligente », attribut de « s’ ». Il s’accorde avec « s’ », COD mis pour « elle », donc au féminin singulier.
- Elles se sont imaginées bronzées au bord de la piscine.
Imaginées est suivi de « bronzées », attribut de se ». Il s’accorde avec « se », COD mis pour elles », donc au féminin pluriel.
***
Voilà j’espère que ce tour d’horizon des accords des participes passés des verbes pronominaux vous sera utile et vous évitera les hésitations au moment d’écrire.
Ouille ! Une bonne relecture de mon Bescherelle s’impose. Merci pour cette piqûre de rappel.
Bonjour, Antidote a corrigé tous les exemple cités ci-dessus sauf la phrase :
Les deux jeunes gens se sont plus.(où j’avais ajouté un s à plu)
Le correcteur se focalise sur SE et propose CE. C’est probablement lié au mot PLUS qui est considéré comme adverbe et non comme le verbe plaire.
Par contre, si on ajoute es à plu, l’erreur est détectée.
Donc, méfiance…
Bonjour Aimé,
Je suis en pleine rédaction et je confirme (avec Word 2010) les quelques errances de compréhension d’Antidote.Une commentatrice, sur le site « Comment ça marche », professionnelle de Word, me l’a confirmé tout en déplorant son prix élevé. Mais il est aussi vrai qu’Antidote rends d’autres services.
Cordialement
Excellente vaccination rappel.
Encore un exemple montrant la difficulté d’apprendre à écrire notre belle langue. Que d’efforts pour ceux qui s’y attèlent!!
Merci de cette contribution donc.
Bonjour,
Merci de cette mise en garde pertinente pour plus d’attention dans nos rédactions.
Merci beaucoup pour cet éclaircissement ! Madame, qui est-ce qui étaient les champions du concours portant sur les Nouvelles ?
Bonjour
Les résultats du 7e concours de nouvelles seront annoncés dans l’article du 12 mars
bonjour
excellent article.
question au sujet de la phrase:
Elles se sont imaginées bronzées au bord de la piscine.
Mais ne peut-on pas dire aussi : Elles se sont imaginées bronzer au bord de la piscine. dans le sens » en train de bronzer ».
Bonjour Marité
Oui bien sûr, on peut écrire Elles se sont imaginées bronzer au bord de la piscine dans le sens « en train de bronzer ».
Dans la phrase que j’ai donné en exemple. Elles sont déjà bronzées. Le sens est en effet différent.
Bien à vous
Salut marie. Je tenais seulement à vous remercier car si je n’étais jamais tomber sur ton vos conseils, je ne sais pas si je pouvais écrire un jour. Grâce à vos conseils, je suis déjà sur le deuxième chapitre et j’espère que tout ira bien.
Merci beaucoup, ma marraine pour l’écriture.
Au secours ! Un efferalgan vite.
(mauvaise) blague à part, cette piqûre de rappel est salutaire.
Merci Marie Adrienne pour cet article.
Comme toujours