Créer un personnage principal engageant est au cœur de tout récit mémorable. Mais parfois, l’attachement de l’auteur envers son héros peut compromettre l’équilibre et la crédibilité de l’histoire. Cette erreur, bien que subtile, peut transformer un roman captivant en une narration monotone et prévisible. Dans cet article, nous explorerons comment trop aimer son héros peut saboter une œuvre et proposerons des solutions pratiques pour éviter ce piège.
1/ Qu’est-ce que l’erreur d’écriture : « trop aimer son héros » ?
Le problème survient lorsque l’auteur confère à son personnage principal des qualités exagérées ou évite de lui imposer des défis significatifs. Cela peut se manifester sous différentes formes, comme :
Une invincibilité irréaliste : Le héros surmonte tous les obstacles sans réel effort.
L’absence de défauts : Le personnage est moralement ou émotionnellement parfait.
Un favoritisme narratif flagrant : Les autres personnages ou l’univers de l’histoire semblent conspirer pour protéger le héros.
Ces éléments nuisent à l’immersion du lecteur, car ils brisent la suspension d’incrédulité et privent l’histoire de tension dramatique.
2/ Pourquoi tombe-t-on dans ce piège ?
Plusieurs raisons expliquent pourquoi les auteurs peuvent trop aimer leur héros :
Attachement émotionnel : Une identification profonde avec le héros
L’attachement émotionnel est peut-être la raison la plus courante. Beaucoup d’auteurs créent leurs personnages principaux en s’inspirant de leur propre vie, de leurs expériences ou de leurs aspirations. Le héros devient une extension d’eux-mêmes, un alter ego idéalisé ou une projection de ce qu’ils aimeraient être. Ce lien rend difficile l’idée de confronter le personnage à des épreuves intenses, car cela revient à se faire violence ou à se juger soi-même.
Conséquence : L’histoire peut devenir complaisante, le héros triomphant systématiquement sans véritables sacrifices ou remise en question. Cela limite l’impact émotionnel du récit.
Exemple : Dans un roman autobiographique déguisé, l’auteur peut hésiter à montrer des moments où le héros fait de mauvais choix, par peur d’exposer une faiblesse personnelle.
La peur de la critique : Le héros comme vecteur d’approbation
Certains auteurs craignent que si leur héros est trop faillible ou échoue trop souvent, le public ne l’aimera pas ou le trouvera irritant. Cela peut découler d’une méconnaissance du fait que les lecteurs s’attachent davantage à des personnages complexes qu’à des figures parfaites. L’auteur anticipe les critiques potentielles et lisse les imperfections de son héros pour éviter les jugements négatifs.
Conséquence : Cela crée un personnage fade ou irréaliste, que les lecteurs pourraient trouver inintéressant précisément à cause de son manque de profondeur.
Exemple : Un auteur pourrait éviter de donner des défauts clairs à son héros ou adoucir ses réactions dans des moments de conflit, par crainte qu’il paraisse antipathique.
Un désir de contrôle : Protéger le héros pour maîtriser l’intrigue
Les auteurs, surtout ceux qui planifient minutieusement leurs intrigues, peuvent avoir du mal à accepter que leur héros soit confronté à des situations hors de leur contrôle narratif. En protégeant le héros, ils évitent des détours qui pourraient compliquer l’histoire ou créer des ramifications difficiles à gérer. Cette approche découle souvent d’une volonté de maintenir une structure « propre » et linéaire.
Conséquence : Cela peut produire une intrigue artificielle, où tout semble trop facile ou trop aligné en faveur du héros.
Exemple : Dans une intrigue policière, l’auteur pourrait faire en sorte que le héros devine toujours la vérité sans erreurs, pour éviter de rallonger l’enquête ou d’introduire des sous-intrigues.
Manque d’expérience : L’idéalisation naïve du protagoniste
Les auteurs novices, manquant parfois de recul, peuvent idéaliser leur héros en pensant qu’un personnage « parfait » sera plus admirable et mémorable. Ils évitent volontairement de lui attribuer des défauts ou de le confronter à des échecs, croyant que cela pourrait ternir son image.
Conséquence : Un tel héros peut paraître unidimensionnel et peu crédible, car il ne reflète pas les complexités et contradictions inhérentes à la condition humaine.
Exemple : Un jeune auteur pourrait créer un héros qui réussit tout du premier coup, qui est aimé de tous et qui n’a jamais à faire face à des conséquences négatives, ce qui finit par ennuyer les lecteurs.
3/ Comment éviter cette erreur ?
Développer des failles crédibles
Donnez à votre héros des faiblesses claires et des dilemmes moraux. Cela le rendra plus humain et attachant.
Exemple : Jean Valjean dans Les Misérables est confronté à des dilemmes moraux complexes, ce qui donne une richesse immense au personnage.
Équilibrer les victoires et les défaites
Faites en sorte que les obstacles soient réellement menaçants. Si le héros réussit, cela doit être le résultat d’efforts soutenus et non d’un coup de chance.
Exemple : Edmond Dantès dans Le Comte de Monte-Cristo traverse des épreuves monumentales avant de triompher, ce qui rend son parcours fascinant.
Introduire des personnages secondaires forts
Évitez que tout tourne autour du héros. Des personnages secondaires bien développés peuvent challenger le héros et révéler ses limites.
Exemple : Dans Les Trois Mousquetaires, d’Artagnan brille autant par ses propres talents que par ses interactions avec Athos, Porthos et Aramis.
Tester l’univers narratif
Posez-vous la question : « Que se passerait-il si le héros échouait ? » Si l’histoire semble toujours captivante sans le héros, cela signifie que l’univers est bien construit.
Consulter des bêta-lecteurs
Les retours externes peuvent révéler des déséquilibres que l’auteur, trop impliqué émotionnellement, ne perçoit pas.
4/ L’importance de la nuance dans les récits historiques
Erreur : Dans certaines œuvres historiques françaises, comme des romans ou téléfilms sur des figures célèbres (Jeanne d’Arc ou Napoléon), ces personnages sont parfois idéalisés au point de perdre leur humanité.
Solution : Une série comme Un Village Français montre l’importance de dépeindre des personnages complexes, même dans un contexte historique. Les dilemmes moraux et faiblesses humaines renforcent leur authenticité et leur intérêt.
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L’attachement à son héros est naturel, mais il est essentiel de garder une distance critique pour créer une histoire engageante et crédible. Un héros parfait ou trop protégé risque d’ennuyer les lecteurs, tandis qu’un personnage faillible et vulnérable les captivera. En équilibrant défis, défauts et victoires, les auteurs peuvent transformer leurs récits en expériences mémorables et authentiques.
A vos succès d’écriture…
Merci! C’est exactement ce qui va m’aider à avancer.
Parfois je n’ai pas conscience de ce qui m’amène à procrastiner si près du but.
Ce petit quelque chose qui me chicote et qui me fait douter.
Au tout début, une simple critique constructive m’a déstabilisé. Celle-ci Incompréhensible, irrésolue, sans piste à explorer. Rejetée.
Pendant ce temps travaillait pour m’amener vers une étincelle. Celle-ci ressentie à la lecture de votre article.
Merci, car je me torturais de l’attente insoutenable qui avait stoppé mon élan!