Il ne suffit pas d’être drôle et d’avoir de l’humour pour écrire comique. Bien au contraire, car manier l’humour n’est pas donné à tous….
Alors, comment écrire drôle et faire rire les lecteurs ?
Il existe divers registres du comique que l’on peut classer en deux catégories :
1 / Le comique lié à des situations : quiproquos, rencontres, méprises, erreurs, distractions…(dont on ne parlera pas dans cet article)
2 / Le comique dit verbal
Pour ce qui est du verbal, l’effet comique se produira si vous réussissez à différer de la norme.
Je m’explique : la norme c’est ce qui est attendu, habituel, sérieux, convenu…
Le comique naîtra donc de l’inattendu, de l’inconvenant, de l’incongru, etc.
Pour différer de la norme, vous disposez de 4 possibilités :
1/ Éxagérer
Dans ce cas, d’un point vue littéraire, le plus simple à utiliser c’est l’hyperbole, la figure de style de l’exagération.L’exagération avec laquelle joue l’hyperbole permet en effet d’ironiser ou de créer un effet humoristique.
Exemple
Sa mère morte, Léon dut prendre en main la maison. Cet homme qui depuis vingt ans n’avait eu ni une responsabilité ni un souci ! Il s’en tira, mais en se donnant un mal hors de toute proportion avec cette tâche simple. En huit jours, son visage changea, il lui vint des bouffissures sous les yeux, il avait des rêves chaque nuit ; un président du Conseil se sent moins accablé. (Henry de Montherlant, Les Célibataires)
Montherlant exagère volontairement en comparant les soucis engendrés par une responsabilité, somme toute plutôt simple, s’occuper d’une maison, à ceux d’un homme politique à la lourde charge.
2 / Minorer
Dans ce cas, pour venir à votre secours, utilisez la litote, une figure de style qui consiste à dire moins pour faire entendre plus. D’ailleurs le sens peut être reformulé à la forme affirmative.
Quelques exemples courants :
On ne mourra pas de faim aujourd’hui… Autrement dit, on a bien mangé.
Je ne dis pas non…. Autrement dit, j’accepte volontiers.
Je ne suis pas très content ! … Autrement dit, je suis mécontent..
Ça ne sent pas la rose ! …Autrement dit, ça sent mauvais.
Ne pas se le faire dire deux fois…. Autrement dit, agir immédiatement.
Ça ne casse pas trois pattes à un canard…Autrement dit, c’est banal et sans intérêt.
3 / Substituer
Cette fois, on utilisera encore une autre figure de style : l’euphémisme. En recourant à cette figure de style, on atténue l’expression d’une idée pour en masquer le caractère déplaisant, brutal, triste, vulgaire, douloureux, etc.
Pour info, l’euphémisme et litote sont deux figures qui atténuent l’expression d’une idée. Mais alors que l’euphémisme veut réduire le caractère désagréable de l’idée, la litote veut lui donner plus de force par l’atténuation.
De nombreux euphémismes font partie du langage courant :
• Rejoindre l’autre monde ou Passer l’arme à gauche : mourir.
• Être un peu limité : être bête.
• Il a été remercié : il a été licencié.
4 / Permuter
Autrement dit remplacer par son inverse et utiliser l’antiphrase
L’antiphrase est une figure de style par laquelle on laisse entendre le contraire de ce que l’on veut vraiment dire ou écrire. On emploie un mot ou une proposition dans un sens contraire à son véritable sens.
Je vous laisse écouter cette courte video traitant de l’antiphrase :
Une autre solution serait recourir au chiasme, une figure de style qui utilise une succession de constructions composées d’éléments semblables, généralement de même nature ou de même fonction, dont l’ordre est inversé d’une construction à l’autre.
Une figure de style à laquelle recourt facilement la publicité
Exemple :
Il y a de l’Urgo dans l’air, il y a de l’air dans Urgo
*
Bref, il y a de multiples façons d’écrire comique. Et les figures de style peuvent être d’une aide considérable. J’iai évoqué l’hyperbole, la litote, l »euphémisme, l’antiphrase, le chiasme mais nous aurions pu parler également des métaphores qui bien écrites peuvent d’être d’une redoutable efficacité. Mais faute de connaitre les figures de style, on les utilise peu. Dommage !
Bien sûr, les figures de style ne sont pas les seules solutions pour introduire de l’humour
D’ailleurs, quelles techniques utilisez-vous pour mettre de l’humour dans vos textes ?
Hâte de lire vos commentaires !
À vos succès d’écriture…
La clôture du 7e CONCOURS DE NOUVELLES organisé par Aproposdecriture approche. Mais il est encore temps de participer !
Envoyez votre nouvelle à cette adresse aproposdecriture59@gmail.com
AVANT samedi 31 mars minuit.
Dans l’objet de votre mailI, merci d’indiquer : Concours de nouvelles – Participation
Hâte de vous lire !
Moi j’utilise l’euphémisme.
merci pour le cours c’est génial.
Un roman ou un essai sans (un minimum d’) humour n’est pas un bon livre, c’est mon point de vue. Même dans le drame et le grave il y a toujours de la place pour une petite déconnade 😉
Bonjour. Je souhaiterais recevoir par mail le règlement du concours de nouvelles.
Bonjour
Vous le trouvrez là https://www.aproposdecriture.com/ouverture-du-7e-concours-de-nouvelles
Franchement, je ne peux dire à l’avance si je vais être comique.
Certains disent que mon cynisme peut être très drôle.
Je pense que la drôlerie vient plus d’un état d’esprit que d’une figure de style.
La réceptivité du moment du lecteur est également très importante. S’il considère un auteur nul, jamais il n’arrivera à le faire rire. C’est pareil pour le comique de scène : il y a des types ou des femmes qui ne me feront jamais rire tout simplement parce que le courant ne passe pas.
Pierre Dac, par exemple, est un auteur qui m’a fait pisser de rire. J’aime la cruauté de Zola envers les petites gens et celle de Maupassant pour les embourgeoisés snobinards.
Le jour ou j’aurai leur génie peut-être pourrais-je me vanter de faire rire sur commande. En attendant, si je fais rire, c’est comme un enfant de 3 ans qui le fait sans le savoir devant des regards indulgents.
Donc, je remercie mes maladresses d’écriture qui peuvent prêter à rire…