Avant de se lancer dans l’écriture d’un roman, il faut faire un choix. Écrire à la première personne ou à la troisième personne ? Mais avez-vous déjà pensé à la 2e personne ?
Disons-le clairement, la 2e personne est un peu la parente pauvre du récit. Rares sont les textes rédigés à la deuxième personne comme La Modification de Michel Butor. Relire l’article
Comme le résume Michel Butor dans son article sur « l’emploi des pronoms personnels dans le roman » :
« À l’intérieur de l’univers romanesque, la troisième personne “représente” cet univers en tant qu’il est différent de l’auteur et du lecteur, la première représente l’auteur, la seconde le lecteur… »
Quelques exemples de romans dont le récit est narré en grande partie ou en totalité à la deuxième personne
- La Modification (Michel Butor, 1957),
- Un homme qui dort (Georges Perec, 1967),
- Si par une nuit d’hiver un voyageur (Italo Calvino, 1979),
- Journal d’un oiseau de nuit (Jay McInerney, 1984),
- Lambeaux (Charles Juliet, 1995),
- Le livre du voyage (Bernard Werber, 1997),
- L’inconsolable (Anne Godard 2006)
Quelques mots à propos de L’inconsolable (Anne Godard)
L’Inconsolable est le premier roman d’Anne Godard. Il parle du deuil d’un fils. C’est le récit implacable et terrible de la souffrance d’une mère.
L’inconsolable
Cliquez et lisez les premières pages de L’inconsolable (PDF)
L’inconsolable est un texte virtuose. Une belle maîtrise formelle et une très grande maturité pour un premier roman. Au monologue intérieur, Anne Godard a préféré l’emploi de la seconde personne, tu. Cette option peut gêner, au début. Mais on en est vite convaincu que c’est le meilleur choix !
J’ai adoré ce roman.
Si vous ne connaissez pas, découvrez-le vite. Vous réaliserez que la 1ere et la 3e personne ne sont pas toujours les meilleures solutions pour écrire un roman.
Je vous conseille aussi Si par une nuit d’hiver un voyageur (Italo Calvino). C’est une expérience de lecture inédite. Construit selon une architecture narrative sophistiquée, Si par une nuit d’hiver constitue une œuvre raffinée, une lecture idéale pour les fans de constructions « architexturales ».
Pourquoi écrire à la 2e personne
Il peut être étrange et non conventionnel d’écrire à la 2e personne. Mais il ne faut pas la négliger pour autant. Jouer avec le point de vue est une façon de transformer une histoire.
Le point de vue affecte une histoire et permet aux lecteurs d’avoir une perspective très spécifique.
Voici 2 raisons pour lesquelles vous devriez essayer d’écrire à la deuxième personne :
- La 2e personne entraîne le lecteur dans l’action.
- La 2e personne étend vos compétences d’écrivain et surprend les lecteurs
Parce qu’elle est rarement utilisée, le recours à la 2e personne amène une expérience différente aux lecteurs. Et pour nous auteurs, une nouvelle façon de raconter une histoire, une manière différente de révéler un personnage.
Ainsi recourir à la 2e personne offre une nouvelle perspective pour les écrivains et les lecteurs.
Avez-vous déjà lu un roman à la 2e personne ?
Avez-vous déjà écrit une histoire à la 2e personne ?
Je ne crois pas avoir déjà lu tout un roman à la 2e personne. Ecris ? Non, pas encore !
C’est ma façon d’écrire,.
L’auteur est en conversation en quelque sorte et c’est très agréable pour lui.
Il n’oublie pas son public cible.
Cependant tous les écrits ne s’y prêtent pas forcément, il est intéressant de pouvoir mêler le je, le tu, le vous, le nous.
Amicalement
Nilse
Lettre d’une inconnue de S. Zweig : un exemple de narration à la 2ème personne, d’une excellence inimitable, n’est-ce pas ?
Oui ! Zweig avait exploité cette possibilité. Mais rien d’étonnant quand on connaît son intérêt pour l’intériorité des êtes !
Merci pour ce rappel… Cher Zweig… il reste le maître !
C’est un peu difficile à réaliser mais ce serait plutôt cool pour moi de me lancer à l’écriture d’un roman à la deuxième personne
Alors faites et revenez nous dire ce que vous avez pensé de cette nouvelle expérience d’écriture.
Bon courage
Je pense qu’il est bien d’écrire à la deuxième personne,moi ça me permet de dévoiler mes sentiments sans besoin de m’y identifier
Bonsoir,
Je suis actuellement en train d’écrire un roman à la deuxième personne du singulier. Je trouve que cela apporte une atmosphère toute particulière au récit et une dimension très intéressante. Ecrire à la deuxième personne offre de nombreuses possibilités et si cette narration surprend le lecteur, je trouve aussi qu’elle peut offrir de nouvelles perspectives à un écrivain et une nouvelle source d’inspiration.
À vos succès d’écriture
Je veux pour ma part écrire une nouvelle. Une fois ladite nouvelle soit publiée, je me mettrai à écrire un roman au 2e personne du singulier!
Tu trouves ça chouette, la narration à la 2è personne.
Bonjour cher toutes et tous, et bien sûr bonjour Marie-Adrienne ;
Je n’ai trouvé aucun sujet plus approprié pour poser une question sur « les personnes ».
Voyez vous une objection ou des limites à ce qu’un roman soit écrit avec un certain nombre de personnages principaux s’exprimant tous, très intimement, du point de vue interne à la première personne, allégé ça et là par des passages, toujours internes, écrits à la troisième personne.
Lorsque je dis « Un certain nombre » je tendrais à les limiter à cinq, alors que les personnages secondaires serait traités exclusivement du point de vue externe, conservant en cela leurs zones d’ombres salutaires au récit.
Quel seraient, selon vous, les romans qui utiliseraient cette méthode avec plusieurs protagonistes s’exprimant à la première personne en point de vue interne intime.
Merci par avance de vos réponses
Bonjour
Je réfléchis à votre question. Et aucun exemple ne vient spontanément à l’esprit.
Désolée.