Dans la première partie de l’article Comment mettre de l’humour dans un roman ?

J’ai donné quelques conseils techniques pour introduire une dose d’humour dans vos histoires et vos romans.

 

 

 

 

 

Rappels :

1 / Jouez avec le langage

En utilisant

a / L’ironie 

b / Le calembour

c /  La métaphore

d / L’hyperbole 

e / L’euphémisme 

f / La litote :

g /  L’antiphrase :

h / L’anaphore :

 

2 / Créez des personnages hauts en couleur

 

En donnant :

 

a / des traits de caractère originaux, excentriques, contradictoires ou décalés à vos personnages

b /  des noms évocateurs, drôles, ridicules ou incongrus à vos personnages

c /  des répliques savoureuses à vos personnages, qui reflètent leur personnalité, leur humour et leur relation avec les autres personnages

d / des situations cocasses à vos personnages, qui les mettent en difficulté, en danger ou en ridicule.

 

Dans ce second article, on va évoquer un 3^e point : les différents types d’humour

 

3 / Variez les types d’humour

 

Il existe divers types d’humour, selon les procédés utilisés, les sujets abordés et les effets recherchés.

 

Voici quelques exemples de types d’humour :

 

A / L’humour absurde :

 

il repose sur des situations ou des raisonnements illogiques, contradictoires ou décalés par rapport à la réalité. Il s’affranchit délibérément les raisons causales aboutissant à des conclusions ou des comportements illogiques dans le but de provoquer le rire. Il existe plusieurs exemples de l’humour absurde en littérature, notamment dans le théâtre de l’absurde, qui rompt avec les conventions du genre théâtral et met en scène des personnages confrontés à l’absurdité de leur existence.

 

Parmi les auteurs les plus célèbres de ce courant, on peut citer Albert Camus, Samuel Beckett ou Eugène Ionesco. L’humour absurde peut aussi se manifester dans des romans ou des nouvelles qui jouent avec le non-sens, l’incohérence, le paradoxe ou la satire.

 

Par exemple, L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea de Romain Puértolas raconte les péripéties rocambolesques d’un escroc indien qui se retrouve enfermé dans un meuble suédois et voyage à travers le monde.

 

B / L’humour noir :

 

il traite de sujets graves, tragiques ou tabous avec cynisme, ironie ou sarcasme. L’humour noir se moque de sujets graves ou tabous, comme la mort, la maladie, la violence, etc. Il crée un contraste entre le sérieux du sujet et la légèreté du ton, ce qui peut provoquer le rire ou le malaise chez le lecteur ou le spectateur. L’humour noir est souvent utilisé comme une arme de subversion ou de critique sociale, mais il peut aussi être perçu comme de la grossièreté ou de la méchanceté.

 

Parmi les techniques de l’humour noir, on peut citer l’ironie, le sarcasme, l’exagération, le non-sens, le paradoxe ou l’antiphrase.

 

L’humour noir repose souvent sur le détournement des codes et des conventions sociales, comme la politesse, la morale ou la bienséance.

Il se trouve dans de nombreuses œuvres littéraires, notamment chez des auteurs comme Jonathan Swift, Voltaire, Edgar Allan Poe, Charles Baudelaire, Franz Kafka, George Orwell ou Boris Vian.

 

Par exemple, dans son roman Candide, Voltaire se moque des atrocités de la guerre et de l’optimisme béat de son héros naïf.

Dans son poème Une charogne, Baudelaire décrit avec un raffinement macabre la décomposition d’un cadavre.

Dans son roman 1984, Orwell imagine un monde totalitaire où le slogan du parti est « La guerre c’est la paix. La liberté c’est l’esclavage. L’ignorance c’est la force. »

 

C / L’humour sarcastique :

 

Il est une forme d’ironie qui se moque d’une personne ou d’une situation en disant le contraire de ce que l’on pense, sans montrer qu’on pense le contraire de ce que l’on dit. Il est souvent plus acerbe et amère que l’humour noir, qui cherche plutôt à faire rire. Il n’est pas toujours considéré comme une forme d’humour, mais plutôt comme une réaction à une réalité déplaisante ou absurde.

 

En littérature, l’humour sarcastique peut se déployer dans différents types de textes : narratif, descriptif, argumentatif, poétique et dramatique. Il peut créer des alliances hétérodoxes entre les réseaux de signification d’une œuvre.

 

Quelques exemples d’auteurs qui pratiquent l’humour sarcastique sont : Voltaire, Swift, Flaubert, Céline, Houellebecq, etc.

 

D / L’humour parodique :

 

Il consiste à imiter un genre, un style ou une œuvre littéraire dans le but de les ridiculiser ou de les critiquer. C’est une forme d’humour qui repose sur l’exagération, la déformation ou l’inversion des traits caractéristiques de l’objet parodié.

 

Quelques exemples de l’humour parodique en littérature :

 

– Les contes de Perrault revisités par Roald Dahl dans Un conte peut en cacher un autre, où le Petit Chaperon Rouge tue le loup et le chasseur avec un revolver, ou où Cendrillon épouse un magicien au lieu du prince charmant.

– Les romans policiers détournés par Pierre Bayard dans Qui a tué Roger Ackroyd ? où il remet en cause la solution proposée par Agatha Christie et accuse le narrateur du meurtre.

– Les romans historiques parodiés par Alexandre Dumas fils dans La Dame aux camélias (parodie), où il reprend les personnages et les situations de son propre roman La Dame aux camélias, mais en les rendant grotesques et absurdes.

 

E /  L’humour auto-dérisoire :

 

Il consiste à se moquer de soi-même, de ses défauts ou de ses mésaventures. En littérature, il peut servir à atténuer la gravité d’un sujet, à créer une complicité avec le lecteur ou à exprimer une forme de modestie.

 

Quelques exemples d’humour auto-dérisoire en littérature :

 

– Dans Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau, l’auteur raconte avec ironie ses péripéties amoureuses, ses faiblesses et ses contradictions.

– Dans Candide de Voltaire, le héros éponyme subit une série de malheurs et de catastrophes qui le font passer pour un naïf et un sot.

– Dans Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, le narrateur se moque gentiment de son manque de talent pour le dessin et de son incompréhension du monde des adultes.

– Dans Le Diable au corps de Raymond Radiguet, le narrateur fait preuve d’un cynisme désabusé envers sa liaison avec une femme mariée pendant la Première Guerre mondiale.

– Dans L’Écume des jours de Boris Vian, le protagoniste Colin souffre d’une maladie absurde qui rétrécit son cœur à chaque fois qu’il est triste.

 

Voilà, vous disposez donc d’un panel de possibilités pour mettre de l’humour dans vos écrits.

Utilisez celui qui sera le plus adéquat avec votre tendance humoristique et vos histoires et amusez-vous bien !

 

A vous succès d’écriture…