Une des questions les plus fréquentes que je reçois est : comment puis-je écrire et travailler à plein temps ? D’ailleurs il se peut que vous vous posiez aussi cette question.
Il existe une croyance commune (et quelques mythes qui la soutiennent) que vous ne pouvez pas faire l’un et l’autre. Mais ce n’est pas vrai.
Ce qu’il faut surtout bien comprendre c’est que si vous rêvez d’écrire, de progresser, de faire aboutir votre projet d’écriture et pourquoi pas de le publier, vous devez prendre l’écriture au sérieux et lui donner le temps et l’attention qu’elle mérite.
Alors certes, entre le travail, la maison, les enfants, les distractions… il n’est pas facile de trouver du temps pour écrire et pourtant, si vous voulez atteindre votre objectif, il le faudra !
Et vous pouvez le faire !
Cette vie, justement, peut être épuisante, mais également tellement enrichissante. Alors attendrez-vous la retraite et le temps pour écrire l’histoire qui vous trotte dans la tête depuis un moment ?
Les Mythes sur l’écriture et le travail :
Pour casser ces divers mythes, je vais citer des exemples d’auteurs (étrangers) bien connus.
Mythe : Vous pensez qu’on ne peut pas travailler et se consacrer à l’écriture ?
Préjugé !
Lewis Carroll, auteur d’Alice au pays des merveilles a continué de travailler toute sa vie malgré la richesse et la notoriété, Carroll, mathématicien, a continué d’enseigner à Christ Church jusqu’en 1881, où il resta en résidence jusqu’à sa mort.
Mais Caroll n’est pas le seul. D’autres auteurs ont continué de travailler tout au long de leur carrière d’écriture : Bram Stoker, TS Eliot, et Virginia Woolf, parmi beaucoup d’autres. Et cela ne les a pas empêchés d’écrire des livres à succès. (Je cite des étrangers car j’ai lu à leur sujet récemment).
Mythe : Vous ne pouvez pas écrire un livre à succès et travailler en même temps.
Préjugé !
Anne Rice, a occupé divers emplois : serveuse, cuisinière, et ouvreuse de théâtre, entre autres. En fait, elle a écrit son best-seller Entretien avec un vampire tout en travaillant au service des sinistres dans une compagnie d’assurances.
Mythe: Une journée de travail tue votre inspiration et votre motivation d’écrire.
Préjugé !
Une journée de travail peut être une grande source d’inspiration et de motivation pour l’écriture. En fait, il se peut même que ce soit plutôt l’inverse, car elle vous offre matière à réfléchir, à vivre et… à tirer parti de ce que vous vivez au quotidien.
John Green s’est servi de son expérience dans un hôpital pour enfants gravement malades pour écrire Nos étoiles contraires (lire l’article) Et quel succès !
Alors comment devenir prolifique en travaillant à temps plein ?
1 / Maintenir des rituels d’écriture quotidiens
J’insiste sur ces rituels, mais écrire chaque jour est une des conditions pour progresser et aussi faire aboutir un projet.
L’essentiel est :
de répéter les mêmes actions tous les jours pour créer une habitude d’écriture à un moment précis.
Si vous examinez votre quotidien, vous découvrirez des choses que vous faites régulièrement et dans un ordre spécifique. Et c’est une bonne chose. Car ce que vous voulez faire, c’est ajouter l’écriture à votre routine quotidienne et lui permettre de devenir l’une de vos habitudes.
Par exemple, chaque matin, vous vous réveillez et faites les choses d’une certaine manière. Vous vous faites un café, puis vous prenez un petit déjeuner, vous vous brossez les dents, etc.
Aujourd’hui, sincèrement, je n’ai plus de routine d’écriture. Avec mon métier d’écrivain, j’écris déjà toute la journée. Alors écrire encore me mènerait à l’overdose. Mais je vous garantis qu’après plusieurs heures d’écriture par jour, on progresse vite !
En revanche, autrefois, surtout quand j’exerçais mon ancien métier, je me levais 1 h 30 avant tout le monde. Je me laissais une demi-heure pour devenir opérationnelle et j’écrivais une heure chaque jour qu’il pleuve ou qu’il vente.
Dès que je sortais du lit. Je passais sous la douche, me délectais d’un bon café puis j’emportais la cafetière , je m’asseyais devant le clavier et c’était parti pour une heure d’écriture.
(Quand on a des enfants, il est plus facile d’écrire avant qu’ils se réveillent ou une fois qu’ils sont couchés)
Grâce à mes rituels d’écriture, j’écrivais un minimum de 500 mots par jour. Je n’écrivais pas tous les jours parce que j’étais particulièrement motivée ou inspirée, j’écrivais parce que j’avais pris peu à peu l’habitude de le faire, chaque matin, au même moment, au même endroit.
J’ai longtemps fumé et ce genre de rituel, les fumeurs connaissent bien. Quand je montais dans ma voiture pour partir travailler. Je m’asseyais au volant, j’allumais la radio, puis une cigarette et je mettais le moteur en route. Il ne me serait jamais venu à l’idée de faire autrement et si toutefois cela survenait, pour une raison indépendante de ma volonté, je me sentais toute bizarre.
2 / Comment faire entrer l’écriture dans votre routine quotidienne :
Faire l’inventaire des occupations quotidiennes.
Faites la liste des choses que vous faites régulièrement tous les jours avant et après le travail. Notez-les de sorte que vous en preniez vraiment conscience.
Puis, trouvez un espace de temps parmi vos rituels quotidiens actuels pour écrire chaque jour. Assurez-vous que ce moment de la journée est celui qui vous conviendra le mieux.
J’ai longtemps écrit le matin, tant que mes enfants étaient petits. Quand ils on grandi, j’ai préféré écrire le soir, quand ils étaient au lit. Je me sentais plus efficace. Tiens, ça me rappelle qu’une nuit, j’ai voulu prolonger ma séance d’écriture. Eh bien, j’ai fini par m’écrouler et m’endormir sur le clavier. Pure vérité !
Quand pensez-vous écrire le mieux ?
S’engager
Il est important de s’engager à écrire à la même heure chaque jour afin cela devienne naturel et automatique dans votre journée, indépendamment du fait de se sentir inspiré ou motivé. Le docteur Maxwell Maltz, expert en psycho cybernétique, prétend que 21 jours sont nécessaires pour créer une habitude, alors accrochez-vous et continuez.
En ce qui me concerne, il m’a fallu plus un bon mois… mais je suis du genre rebelle ! 😉
Se sacrifier
Qu’on le veuille ou non, quand nous nous engageons à écrire tous les jours, il faut forcément faire des choix. Beaucoup d’entre nous ont des loisirs qu’ils font chaque jour : jouer au tennis, faire du jogging, ou aller à la gym, regarder la télévision, s’étendre sur les réseaux sociaux…
Malheureusement, le temps n’est pas illimité et une journée ne compte que 24 heures.
Que vous faudra-t-il donc abandonner ou réduire ?
Jusqu’ici c’est peut-être votre écriture que vous avez sacrifié pour autre chose.
Quand j’ai décidé de prendre mon écriture au sérieux, j’ai d’emblée réduit le temps passé devant la télé. Au lieu de me poser dans le canapé et de zapper en espérant tomber sur un truc à regarder, en fin semaine, je prends un petit temps pour éplucher le programme de la semaine suivante car la télévision, c’est quand même une grande source d’inspiration. Je note mes préférences et me pose devant la télévision uniquement quand une émission, un documentaire ou un film m’intéresse vraiment.
C’était mon choix, mon sacrifice, pour ainsi dire. J’ai sacrifié mon temps de télé pour l’écriture, mais j’avais longtemps sacrifié l’écriture pour regarder la télévision !
Peut-être que vous n’arriverez pas à sacrifier quoi que ce soit, mais gardez à l’esprit que faire les choses plus vite dégage du temps pour faire d’autres choses. Décidez vraiment ce qui mérite votre temps et votre concentration !
Créer son petit coin d’écriture
J’ai trouvé extrêmement utile d’avoir un petit coin à moi pour écrire dans la maison. Je n’ai pas toujours eu un bureau et c’est dans la cuisine que j’écrivais, la cafetière à portée de mains ! Je m’y sentais bien. Et je me délectais de café en écrivant. Du pur arabica bien corsé. Je ne peux pas écrire sans un bon café !
Depuis que j’ai mon bureau, c’est encore mieux. J’essaye de le maintenir rangé, juste encombré d’un bloc-notes, de quelques stylos, mon clavier, mon écran d’ordinateur et des effets personnels auxquels je tiens. Des photos de famille. Les messages de ma meilleure amie. Le poème « Il meurt lentement » de Pablo Neruda punaisé sur le mur, un grand portrait d’Albert Camus…
Je vous recommande fortement la création d’un coin d’écriture, votre esprit associera cet endroit avec l’écriture et donc quand vous y serez, vous écrirez !
Moi, je fonctionne comme cela. Une fois que je suis dans mon sanctuaire, mon esprit est frais et dispo pour une séance d’écriture.
En fin de compte, pour devenir prolifique, il m’a suffi d’intégrer l’écriture dans mes rituels quotidiens et d’en faire une habitude. Ce fut une vraie révélation pour moi. J’espère que cela fonctionnera aussi pour vous.
Car quand on aime écrire, c’est quand même bon de s’adonner à sa passion, non ?
Comment harmonisez-vous l’écriture et votre vie ?
La clôture du 3e CONCOURS DE NOUVELLES organisé par Aproposdecriture approche mais il est toujours temps de participer. Le thème de la fraternité offre de grandes possibilités.
Lisez le règlement du concours et participez !
Envoyez votre nouvelle à cette adresse aproposdecriture59@gmail.com
AVANT le jeudi 30 avril 2015 minuit.
Indiquez svp : 3e Concours de nouvelles, dans l’objet de votre mail.
Merci pour ce sujet !
Travaillant de nuit, il m’arrivait d’avoir régulièrement des plages de 1 ou 2 heures sans personne (je suis dans le médical). Excellente période pour écrire! Au travail pourtant.
Le rituel à la maison est plus difficile à organiser, surtout avec un rythme de travail irrégulier comme le mien. En revanche le coin « c’est là que j’écris », excellent!
Merci pour ces conseils pratiques, et pour le reste de ce blog que je lis avec de plus en plus d’attention.
Salutations du bout du monde
Pierre
Merci pour le commentaire. Le rituel n’est pas forcément à insérer dans la vie privée. Tout est bon pour écrire et si c’est dans le cadre du travail, pourquoi pas ?
Bonne écriture… et à bientôt sur le blog
Personnellement, je n’ai jamais mis en place de rituel. Cependant, pour réussir à écrire régulièrement, il a fallu que je prenne un moment tous les trois jours pour écrire un bilan de mes avancées. Avant ça j’écrivais n’importe quand et pas tous les jours, depuis que je le fais j’écris tous les jours. C’est aussi une alternative qui peut peut-être en aider certains.
Merci pour votre contribution. C’est en quelque sorte un rituel ? Certes non quotidien mais il l’est devenu !
Bonne journée
Bonsoir,
Qu’écriviez-vous quand vous vous astreigniez à écrire tous les jours ? Autant écrire un journal intime me paraît facile à faire chaque jour, autant écrire un récit de type « nouvelle », « article pour un blog » ou « poème » est un vrai travail qui demande beaucoup de rigueur et de ténacité.
J’aime bien l’idée du cadre à créer pour se préparer mentalement à l’écriture.
Merci pour vos articles.
Bonjour
Ce qui j’écrivais tous les jours ? A une époque, je participais à deux (ou trois) concours de nouvelles par mois ! Alors croyez-moi, j’avais toujours à écrire. Je pouvais aussi programmer des jeux d’écriture mais aussi me lancer dans la rédaction de portrait de personnages, de décor… En écrivant tous les jours, je peux vous garantir que les progrès sont fulgurants.
Bien à vous
Merci pour votre article. J’ai essayé d’écrire le soir mais je suis inopérationnelle. Je vais essayé de me lever plus tôt le matin pour travailler. Résultat dans 21 jours…
Oui, j’ai pratiqué, j’ai constaté, écrire développe l’intelligence, la créativité, muscle le cerveau en quelque sorte comme « la salle de muscu » !
La pratique améliore notre petite capacité qui enfle et se gonfle comme la voile du bateau et nous encourage au voyage de … l’écriture.
Merci MarieAdrienne.
Bonjour
C’est exactement cela, l’entraînement ! Et plus on s’entraîne, meilleur on devient.
C’est assez général, au fond. Un coureur n’augmente pas ses performances sans s’entrainer.
Combien de départs faut-il faire pour gagner quelques secondes dans une course ?
Combien de courses faut-il courir pour tester sa rapidité ? C’est assez similaire en musique, en danse, en peinture…
Et en écriture, pour une raison qui m’échappe, un grand nombre ne conçoit pas de devoir s’entraîner et se limite aux seuls moments d’inspiration. Qui, entre nous soit dit, se travaille aussi !
Merci pour votre commentaire
Bonsoir à tous.
Effectivement, la mise en place d’un rituel n’est pas toujours aisée. Personnellement, depuis une semaine environ, je travaille mon texte le soir. Quarante cinq minutes tout au plus. Mais elles sont productives !
Merci pour tous vos bons conseils.
Cordialement.
À vos succès d’écriture !
Bonsoir,
jai découvert avec joie cet article qui m’a quelque peu dérouté tout de même.
Je suis infirmière, mon statut est un peu particulier car malgré mon temps plein à l’hôpital, je fais partie d’une équipe de secours. Dans le sens où je remplace sur 15 services différents en ne connaissant mon planning qu’une semaine à l’avance (matin, après-midi, journée ou nuit), sans savoir dans quel service j’irai.
Je n’ai absolument aucun cadre et aucunes routines. Ce qui me convient absolument car jai ce tempérament à vouloir que les choses bougent sans cesse.
Pour écrire, je me dis en me levant (parfois à 5h donc je ne peux pas me permettre de me lever encore 1h30 plus tôt), que durant la journée je dois trouver 30 minutes pour écrire. Je trouve toujours car j’en ai vraiment la volonté mais impossible d’installer, une heure précise, avec un rituel, et de faire copier coller à chaque jour que Dieu fait.
Je trouve enrichissant d’écrire à différents moments dans la journée, je me suis aperçue que je n’écrivais pas de la même manière, par exemple le matin je suis plutôt scène de paysage, ambiance paisible, calme et le soir je suis très inspirer pour décrire dans grands combats et des luttes pour survivre. Je trouve que varier les heures peu aussi apporter à l’écriture. Aucune lassitude ne s’installe.
Et pour faire écho à ce que demandais Pierrette, parce que jai souvent eu la même interrogation au début que j’écrivais. L’inspiration est partout, dans un rêve que je fais que je veux extrapoler ou amplifier pour créer une autre fin, dans la façon dont la boulangère va me regarder pour rendre la monnaie, si elle est lasse, stressée, souriante ou fausse. Et je lui cherche une petite histoire à raconter. Si le ciel au coucher du jour dégage une ambiance que je voudrais décrire … Etc ! Il faut s’ouvrir au monde pour s’inspirer et avoir des idées pour écrire, une fois qu’on se prend au jeu, la vie devient un gouffre sans fin pour l’imaginaire et c’est depuis que j’ai passé ce « cap » que je prends de plus en plus de plaisir à écrire.
Je vais tout de même essayer de me faire un petit coin spécial où je pourrai laisser mes notes éparpillées partout ! Car pour le moment chaque séance d’écriture c’est un peu comme ressortir une malle avec des jouets d’enfant. Tout est rangé dans un petit carton que je déballe et réemballe chaque jour.
Merci beaucoup en tout cas. A très vite.
Bonjour Maud
Une grande majorité de personnes ont un planning plutôt régulier. Et c’est dans cette routine que l’on gâche parfois du temps que l’on pourrait consacrer à l’écriture.
Je conçois tout à fait qu’il serait difficile de vous lever 1h30 plus tôt si vous vous levez déjà à 5 heures du matin !
Si vous arrivez à écrire en fonctionnant comme vous le faites, tant mieux, continuez ! Au fond l’important pour un écrivain est d’écrire. Quelle importance que ce soit le matin, le soir… chacun aménage selon son planning.
Pour l’inspiration, je suis complètement d’accord avec vous. il suffit de regarder autour de soi et les sujets d’écriture se multiplient.
Pour le coin écriture, en revanche, c’est bien d’avoir son coin à soi. Essayez et venez nous dire ce qui a changé. Si vous y trouvez de l’intérêt.
À vos succès d’écriture
Merci Marie-Adrienne,
c’est bien cela : un rituel pour ancré l’habitude. Moi je mets une chanson bien spécifique au début de chacune de mes séances d’écriture et où que je sois. Aujourd’hui, il me reste à réserver un moment spécifique à l’écriture pour moi ou mes chanteurs en dehors des écrits pour les autres.
De beaux têtes-à-têtes avec vos plumes.
M