Dans ce nouvel épisode de la série « L’Alchimie du roman », Jean-Philippe Depotte décortique “Le grand sommeil”, de Raymond Chandler.

Le Grand Sommeil

À propos de Raymond Chandler

 
Raymond Chandler est né le 23 juillet 1888 à Chicago (Etats-Unis) mais il a grandi et étudié en Angleterre au fameux Dulwich College où plus tard seront tournés les Harry Potter. En 1907 pour obtenir un emploi de fonctionnaire, il prend la nationalité britannique puis il se lance dans le journalisme et écrit ses premiers poèmes.
 

 
Il revient aux Etats Unis en 1912, entreprend des études de comptabilité avant de s’engager dans l’armée canadienne en 1917. Il participe aux combats de la fin de la Grande Guerre.
 

 
Revenu à la vie civile, il exerce ensuite divers métiers et devient vice-président d’une compagnie pétrolière mais suite à la grande crise de 1929 (mais aussi de son alcoolisme), il perd son travail en 1932.
 

 
Il décide de se lancer dans l’écriture et retravaille sur les nouvelles de Dashiel Hammett pour se faire la main. Sa première nouvelle paraît dans Black Mask en 1933, suivie d’une douzaine d’autres jusqu’à la parution de son roman Grand sommeil en 1939. Le personnage de Philip Marlowe, détective privé alcoolique et dépressif, y apparaît pour la première fois. Le roman connaît un grand succès.
 

 
Suivront sept autres romans dont Marlowe reste le personnage principal, parmi lesquels Adieu ma jolie ou La dame du lac et de nombreuses nouvelles.
 

 
Une ironie incisive, des dialogues percutants, un humour noir donnent aux romans de Chandler un ton, un style très original. L’auteur se fait le peintre créateur d’une époque et d’une société.
 

 
Hollywood l’engage comme scénariste et il travaille notamment avec Billy Wilder. Chandler écrit les scénarios de films, L’inconnu du Nord Express ou Le dahlia bleu.
 

 
Le décès de sa femme en 1954 le replonge dans l’alcoolisme et la dépression. Il meurt d’une pneumonie en 1959, à l’âge de 71 ans.
 

À propos du “Grand Sommeil”, de  Raymond Chandler

 
Jusqu’en 1938, Chandler écrit des nouvelles dont il fera plus tard le point de départ de plusieurs de ses romans. C’est précisément le cas du Grand Sommeil (titre original : The Big Sleep) qui parait en 1939.  C’est le premier roman de l’auteur. Chandler l’a écrit en seulement trois mois !
 

 
C’est aussi le premier roman qui met en scène le personnage du détective privé Philip Marlowe. Remarquable par sa complexité, le récit compte de nombreuses trahisons, rebondissements et intrigues à tiroir.

Classique parmi les classiques de la littérature populaire américaine, ce roman est devenu une référence culturelle pour la société américaine. Son adaptation au cinéma en 1946 par Howard Hawks sous le même titre Le Grand Sommeil est un des grands classiques du film noir et, à l’époque, révèle pour la première fois à l’écran le couple, devenu mythique, formé par Humphrey Bogart et Lauren Bacall qui incarnent respectivement Philip Marlowe et Vivian Sternwood, les deux personnages principaux.
 

 
Le roman est traduit en français en 1948 par l’écrivain Boris Vian et publié dans la collection Série noire, dont il constitue l’un des fleurons. Depuis, il a connu de nombreuses rééditions et s’est retrouvé parmi les meilleurs romans dans plusieurs classements littéraires internationaux. Son œuvre a connu et connaît encore un succès considérable en Europe, et particulièrement en Angleterre.
Une deuxième adaptation a été réalisée en 1978 avec Robert Mitchum dans le rôle de Marlowe. 

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Comme à son habitude, Jean-Philippe Depotte analyse le roman selon quatre éléments :
• L’Eau, c’est le Style.
C’est la plume de l’écrivain, la poésie, la beauté du langage et le simple plaisir de lire de belles phrases.
• L’Air, c’est la Fiction.
C’est l’invention, qui prend deux formes, en général : l’intrigue (l’histoire que l’on raconte) et les personnages.
• La Terre, c’est le Milieu que décrit le roman.
C’est une époque ou c’est un lieu. C’est ce qu’apprend le lecteur sur la réalité que décrit le roman.
• Enfin le Feu, c’est le Message.
C’est la raison pour laquelle l’auteur a écrit son roman. C’est le message qu’il a voulu transmettre à son lecteur. Une philosophie, une morale ou, simplement, un sentiment, une impression.

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Découvrez la vidéo (12’45) :
 

 
Merci à Jean-Philippe Depotte pour cette analyse pertinente.
Chandler a marqué de son empreinte le registre du roman de détectives, et la littérature policière en général. Pour celles et ceux qui souhaiteraient s’aventurer sur le terrain de la littérature policière, Raymond Chandler a publié un essai intitulé The Simple Art of Murder, dans lequel il livre une étude plus approfondie sur l’univers du polar.

Il faut lire ou relire Le grand sommeil.
 

À vos succès d’écriture…