Il y a deux ou trois semaines, un lecteur du blog me demandait comment améliorer son style d’écriture.La question est récurrente. Voyons ensemble quels points essentiels, il faut soigner pour améliorer son style d’écriture
Au fil des articles, j’ai plus ou moins répondu à la question. Mais vous trouverez ci-dessous la liste des points à travailler pour faire progresser son style d’écriture.
1 / Les verbes faibles
Mieux vaut employer des verbes porteurs de sens et précis plutôt que des verbes vides, passe-partout et totalement incolores comme les verbes faibles (être, avoir , faire, aller…).
Pourquoi ? Parce qu’ils affadissent votre texte.
Chassez-les de vos textes, ils prendront plus de couleur et de force.
2 / La longueur des phrases
Des phrases longues peuvent gêner le lecteur. Segmentez vos idées et évitez les phrases « poupées russes » qui comptent un grand nombre d’enchâssements propositionnels.
Pour réduire la longueur d’une phrase, il faut la scinder en plusieurs phrases ou revoir la pertinence de tous ses compléments. La longueur de phrase qui convient le mieux compte entre 15 et 20 mots. Croyez-moi, cette brièveté n’enlève rien aux idées ni aux sensations, aux émotions et aux sentiments. Sans compter qu’une phrase de 15 mots se mémorise plus facilement !
Ainsi, allégez vos phrases en n’employant que les mots nécessaires à l’expression de votre pensée sans sacrifier la beauté littéraire. Attention, la concision ne doit pas se confondre avec une écriture télégraphique. Pas question de tout réduire à quelques mots. Ne dit-on pas que l’art majeur de l’écriture consiste à dire l’essentiel avec relief et couleur et de laisser suggérer le reste. Mots justes et expressifs doivent donc être dans votre palette.
Épurez votre écriture. Évitez les remplissages inutiles. Plus court veut souvent dire meilleur.
3 / Évitez les conjonctions
Si vous voulez avoir un style dynamique, réduisez les conjonctions : en effet, certes, du reste, car, pour sa part… La transition relève plus de l’esprit d’une phrase que d’une conjonction mécanique !
4 / Évitez les conjonctions de subordination
Elles servent à unir une proposition subordonnée à un verbe ou parfois à un nom. Les plus fréquentes : comme, si, que quand, puisque, lorsque, quoique. Auxquelles on peut ajouter : parce que, pourvu, que, tandis que, de peur que, au cas où, au moment où…
5 / Évitez les répétions
Deux termes identiques de même famille dans un voisinage peuvent alourdir votre texte. Évitez les répétitions de mots et d’idées. Répéter peut avoir de l’intérêt pour insister, mais répéter sans raison peut aussi devenir très gênant pour le lecteur. La répétition se retrouve dans les noms, les adjectifs et les verbes, mais aussi dans les prépositions, des verbes auxiliaires pour des conjonctions comme « et « .
6 / Les pronoms démonstratifs
En général, si on utilise un pronom démonstratif pour remplacer une proposition, on alourdit le texte, on freine le rythme. Alors évitez ceci, cela, et ce, et cela, c’est que, celui, celui-ci, celui-là, ceux, ceux-ci, ceux-là, celle, celle-ci, celle-là, celles, celles-ci, celles-là…
7 / les pronoms relatifs
L’une des plus grosses lourdeurs de style est causée par l’emploi trop fréquent des « que » et des « qui » qui gâchent la fluidité.
8 / les prépositions
La préposition est un mot invariable qui sert à introduire un complément. Ce complément est très souvent un nom, un adjectif, ou un verbe. L’excès de prépositions dans une phrase alourdit le style.
Voilà les principales prépositions : à, après, avant, avec, chez, contre, dans de, depuis, derrière, dès, devant, durant, en, entre, envers, hors, jusque, malgré, outre, par, parmi, pendant, pour, sans, sauf, selon, sous, vers…
9 / La voix passive – La phrase impersonnelle
Une fois que vous aurez supprimé redondances, répétitions, participes présents et autres, votre écriture va respirer. Mais il faut aller plus loin pour gagner en fluidité. En autre, il faut éliminer la voix passive et les phrases impersonnelles de vos textes.
Dans son recueil « Écriture : Mémoires d’un métier » déconseille fortement de les utiliser. La voix active donne de la force à l’écriture. Elle est plus directe que la voix passive.
La phrase intemporelle… Quand le sujet « il » ne renvoie ni à un objet ni à une personne, la phrase est à la forme impersonnelle. Exemple :
- Il pleut des cordes.
- Il faut être patient.
- Il neige.
Mieux vaut utiliser ces tournures avec parcimonie.
10 / Les paragraphes
Ce dernier point est très important car les paragraphes donneront le rythme et l’accélération à votre texte. Ce sont eux qui vont ordonner vos idées. Relisez cet article https://www.aproposdecriture.com/mise-en-page-dun-texte
Finissons cet article avec un exemple. Voilà comment réécrire un texte en appliquant ce qui précède :
Avant :
Les balles continuaient de siffler autour de lui. La fusillade faisait rage et Jack fut jeté au sol par le souffle d’une explosion. Il regarda l’ordinateur à son poignet. Il ne lui restait plus que vingt pour cent de champ de force. Il n’en avait que faire. Il se releva et continua sa course en jetant des regards tout autour de lui. Où était-il ?
Décortiquons un peu ce texte. On trouve :
- 8 répétitions : continuaient, tout autour, jeté, regarda, continua, jetant, regards, tout autour.
- Une phrase passive : Jack fut jeté au sol par le souffle d’une explosion.
- Une phrase impersonnelle : Il ne lui restait plus que vingt pour cent de champ de force.
- 3 verbes faibles : avait faire, était
- 9 prépositions qui alourdissent le texte : de tout, atour, de par, d’, à, de, de, en tout autour de.
Après :
Les balles sifflaient autour de lui. La fusillade crépitait. Le souffle d’une explosion projeta Jack au sol. Il consulta l’ordinateur à son poignet. Son champ de force affichait vingt pour cent de résistance. Une autre déflagration le tuerait. Qu’importe. Il se releva et reprit sa course. Il jetait des regards affolés. Où se trouvait-il ?
***
Vous voyez qu’en appliquant ces 10 points, on arrive à un texte, plus dynamique, plus ramassé. Plus agréable à lire. Sur quelques lignes, le gain de fluidité est moins visible, mais je vous garantis que sur une page, on voit vite la différence. Testez : prenez une page au hasard d’un de vos textes. Décortiquez et revoyez chaque point. Ensuite, réécrivez.
PS : Aproposdecriture s’est refait une beauté ! C’est mon premier article avec ce nouveau théme, et je dois m’habituer. Mais dans quelque temps, la galère sera oublée. J’espère que cette nouvelle version du blog vous plait.
Impressionnée par la ré-écriture du texte.Le premier me semblait d’autant plus correct que j’ai tendance à écrire comme ça! Après, il devient dynamique, haletant, on a envie de connaître la suite.
La nouvelle présentation du blog est elle aussi, plus dynamique (répétition), plus lisible. Bravo!
Merci Martine
Ravie de vous retrouver ici
Merci pour cet article sur le style, je pense qu’il va m’être très utile ! 🙂
Merci pour ce nouvel article.
Concernant le nouveau thème, cela rafraîchit le blog sans lui ôter son style. C’est donc un succès.
Bel été à vous !
Merci beaucoup pour cet article ! J’ajouterai qu’il faut se méfier des tournures « timides » comme « sembler », « avoir l’air », « peut-être », « continuer », etc. Elles alourdissent le texte en apportant une nuance qui est rarement nécessaire (je suis la première coupable, je suis incapable de faire une phrase sans ajouter un modificateur pour nuancer^^).
J’aime beaucoup ce nouveau thème, il est moderne et agréable à regarder.
Bonjour
Oui, ces tournures fourmillent dans les textes. Il faut écrire comme on le sent et retravailler son texte pour le ciseler.
L’écriture n’est pas un art simple !
A vos succès d’écriture
PS contente de lire que ce nouveau thème vous plait.
Merci pour ce nouvel article ! J’essaie depuis plusieurs années de d’alléger et de dynamiser mes textes de cette manière. C’est loin d’être acquis…
Un must à garder à portée de main!
Très bon article que je partage entièrement, sauf pour l’utilisation de formes passives. Une trop longue répétitions de formes actives rend le texte trop réptitif. Il est donc nécessaire de varier la structure des phrases, et la forme passive est une des façons de le faire.
Ceci pourrait être d’ailleurs un de vos prochains sujets (comment varier la structure des phrases)
Gérard Muller (romancier)
Bonjour Gérard
On peut changer la tructure d’une phrase sans recourir à la forme passive qui reste de toute façon plutôt lourde.
J’ai noté votre suggestion d’article.
Bien à vous
Merci pour cet article très instructif. Je m’y mets tout de suite.
Concernant la nouvelle présentation du blog, sur IExplorer impeccable. Par contre sur Firefox ou Chrome, la police d’écriture est très inconfortable (les i l j sont en gras…)
on va regarder cela. Ah la technique !
Trop fort.
Merci
Bonjour Marie-Adrienne,
Vous écrivez: « …allégez vos phrases en n’employant que les mots nécessaires à l’expression de votre pensée sans sacrifier la beauté littéraire. »
C’est quoi la beauté littéraire pour vous? Quelle définition y donnez-vous ?
Merci d’avance de votre réponse.
Bonsoir
Une phrase n’a pas besoin d’être chargée pour avoir du sens et envoyer des émotions.
Quand je lis Stefan Zweig par exemple, il est impossible de retirer un seul mot des phrases. Son écriture est ciselée. Efficace. Pour moi, c’est cela la beauté littéraire, dire et faire ressentir le plus de choses avec le moins de mots.
A vos succès d’écriture
Bonjour Marie Adrienne
Je vous ai envoyé 2 mails , mais peut-être ne les avez vous pas reçus?
Colette avait recommandé à Simenon de ne pas être trop littéraire. Je voulais savoir ce que cela signifiait. Est ce que cela rejoint ce que vous dites sur Zweig? Auriez-vous un livre de Zweig et de Colette à me recommander?
La deuxième question était :
comment calibrer un texte pour qu’il ait 560 signe par ligne et 25 lignes par pages.
Mes remerciements
Marité
Bonjour Marité
Désolée, je croyais avoir répondu.
Pour moi, une écriture trop littéraire c’est une littérature difficile d’accès. Par exemple, moi j’adore Proust mais avouez que sa lecture n’est pas donné à tous.
Ce que j’aime chez Zweig, ce sont parsonnages et… non en fait j’aime tout chez Zweig. Son écriture, ses phrases… dont on ne peut retirer un mot !
Colette je connais moins. J’ai bien lu dans mon parcours scolaire et littéraire, Zweig en revanche, je ne me lasse jamais de le relire. J’ai adoré « 24 heures de la vie d’une femme », « La confusion des sentiments », « Le joueur d »échecs »… J’aime.. Fan inconditionnelle !
Pour calibrer, il faut tester. Vous obtiendrez des résultats différents selon la police et l’interlignage.
Alors vous définissez votre police et vous écrivez une un texte. Vous verrez par vous même comment obtenir 560 signes par ligne et 25 lignes par page.
Bien à vous… bonne lecture.
Merci pour la réponse.
Pour ma part, j’ai lu l’année dernière Madame Bovary ( entre autres) et découvert Flaubert. Si je n’ai pas aimé le personnage, je m’y suis attaché. Puissance du texte de Flaubert, de ses personnages. On finit quand même par plaindre Emma ( n’est ce pas là le talent d’un écrivain ?) que ses amants laissent tomber ; sans oublier le commerçant qui la poussera à s’endetter.
Je vais lire Zweig cet été. Bonnes vacances.
Pour le point n°2, cette phrase de Alice au pays des merveilles (que j’ai lu en V.O et que je n’ai pas entièrement compris) restera toujours : « Take care of the sense and the sounds will take care of themselves » – The Caterpillar
Bonsoir,
Je viens vous présenter WikiPen.
WikiPen c’est une nouvelle plate-forme où n’importe qui peut lire, écrire ou intéragir avec un article.
Medium France a fermé il y a quelques temps et je pense que WikiPen peut apporter sa touche française !
Tout est gratuit, le but étant d’échanger des connaissances.
N’oubliez pas de liker la page pour rester au courant de tout (ou de vous connecter sur la plate-forme) !
La page fb : https://www.facebook.com/wikipen
Le site Web : https://wikipen.fr
Merci beaucoup pour cet article riche d’enseignements.
Je ne saisis simplement pas les 8 répétitions dans l’exemple de fin. Comment : continuaient, tout autour, jeté, regarda, continua, jetant, regards, tout autour sont-il tous des répétitions ?
Bonsoir Julien
oui regardezle texte, j’ai souligné les répétitions en gras
Les balles continuaient de siffler autour de lui. La fusillade faisait rage et Jack fut jeté au sol par le souffle d’une explosion. Il regarda l’ordinateur à son poignet. Il ne lui restait plus que vingt pour cent de champ de force. Il n’en avait que faire. Il se releva et continua sa course en jetant des regards tout autour de lui. Où était-il ?
Bien à vous
Merci pour ce post et pour ce magnifique blog que je viens de découvrir. Abonnée déjà!!! À très bientôt. Virginia
Bonsoir Marie-Adrienne,
» La longueur de phrase qui convient le mieux compte entre 15 et 20 mots. »
Les mots composés comme » après-midi « , faut-il les considérer comme 1 seul mot ou comme 2 mots ?
J’ai été interpellée en relisant une phrase contenant 2 mots composés.
Dans l’espoir de vous lire.
Bien à vous.
Bonjour
Non les mots composés comptent pour un seul mot.
Merci
J ai bien appreciee votre anzlyse des stules .je suis en fin de mon 2m livre mais je ne connais pas mon style.j aimerais avoir un style
Epure comme E.Hemmiguay..
Mon premier livre .Le Regard de Mon Pere a ete tres apprecie
Marie .France
Merci infiniment Marie-Adrienne. J’ai beaucoup aimé. C’est rare de trouver les articles qui soient aussi directs et précis. Bravo