Venue du latin, la formule in medias res signifie littéralement « au milieu des choses ». Ce terme concerne la structure d’un récit. Il correspond à une technique narrative particulière qui fait commencer le récit au cœur de l’intrigue.
Le cinéma, la télé et la technique in médias res
La technique in médias res est très utilisée dans les films ou les séries télévisées. Le film ou l’épisode s’ouvre par exemple sur une femme qui court dans la nuit. Elle se retourne plusieurs fois quand un coup de feu éclate. La jeune femme s’écroule et on la voit aussitôt baignant dans son sang.
Avec ce genre de scène, le spectateur est plongé en plein cœur d’une histoire qui semble avoir commencé avant qu’il ne voie le film ou n’allume sa télé. C’est pourtant bien le début du film ou de l’épisode. Le spectateur ignore qui est cette femme, qui la poursuivait et pourquoi on l’a tuée, etc. Et l’histoire commence réellement…
Si la technique est très utilisée à l’image, elle ne manque pas d’intérêt dans un livre puisqu’elle permet là encore de faire entrer dans l’histoire d’une façon plus vivante en peu de scènes d’exposition.
Homère l’ utilisait dans L’Iliade, au VIIIe siècle av. J.-C..
On y recourt également quand le sujet est long à expliquer et les personnages nombreux. Les personnages, le cadre et le conflit seront alors souvent présentés par une série de retours en arrière ou bien par des personnages se racontant entre eux des événements passés.
Ou bien, dans le cas d’un récit policier, tout ceci sera justement reconstitué par l’enquête.
Abusez des incipit in medias res
Mais il y a encore mieux.
Avez-vous déjà vu des lecteurs choisir un livre ? Ils l’ouvrent et lisent la première phrase.
Alors le rôle de cette phrase est primordial car soit elle accroche soit elle faire fuir et c’en est alors fini avant même d’avoir commencé.
Et cette technique in medias res combinée à l’incipit peut devenir tout à fait redoutable !
Rappel : le mot incipit (du latin incipio, is, ere : « commencer) désigne les premiers mots d’un texte. Généralement, il répond à un certain nombre de questions essentielles : où l’histoire se passe-t-elle ? À quelle époque ? Qui la raconte ? Quels sont les personnages ?, etc.
On trouve cette combinaison dans un très grand nombre d’œuvres dont voici quelques exemples :
La journée venait de finir.
Blaise Cendrars – L’or
Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous, Georges Duroy sortit du restaurant.
Maupassant – Bel Ami
On avait sûrement calomnié Joseph K…, car sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin.
Franz Kafka – Le procès
Nous étions à l’étude, quand le Proviseur entra, suivi d’un nouveau habillé en bourgeois et d’un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail.
Gustave Flaubert – Madame Bovary
Un couple de futurs amants marchait, au milieu de la chaussée, dans une rue piétonne, un peu avant l’heure du dîner.
Alice Ferney – La conversation amoureuse
Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ?
André Malraux – La condition humaine
Pourquoi utiliser l’incipit in medias res ?
L’incipit romanesque habituel pose les questions suivantes : de qui il s’agit, où, quand, et pourquoi ?
Combiner la technique in medias res à l’incipit évite de répondre à ce schéma. Dès la première phrase, le lecteur se sent comme impliqué et face à quelque chose auquel il ne s’attendait pas.
Ainsi pour vos romans, commencez in medias res mais surtout par un incipit in medias res.
À vos succès d’écriture…
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Partagé !!
Quoi de mieux pour une entrée percutante ? Les meilleurs livres que j’ai lus sont ceux qui m’ont tenu en haleine dés les premières lignes. Mon roman que je suis en train de peaufiner débute par un court monologue d’une morte. En quelques lignes, j’ai essayé de donner un max d’informations de sorte à mettre mon lecteur dans l’ambiance et d’aiguiser ainsi sa curiosité.A bientôt !
Bonjour
Les premières lignes peuvent effectivement faire la différence. Il faut les soigner. L’incipit in medias res est selon moi la meilleure façon de faire.
Bon courage pour votre écriture.
Cordialement
Pour ma part, j’ai opté pour cette technique dans mon écrit actuel.
Recherchant l’efficacité du récit avant tout, je ne pouvais cependant pas me passer d’une présentation de l’histoire et de son contexte.
Par conséquent, j’ai opté pour cette méthode, sur deux niveaux.
Mon prologue débute directement au coeur de l’action, avec un maximum de mystère maintenu. La première phrase place directement le lecteur au milieu d’un véhicule en mouvement, avec des personnages.
Voilà pour le premier niveau.
Pour ce qui est du second niveau, c’est tout mon prologue, qui se révèle une pièce « incisive » du récit.
Je ne peux me passer d’une description du contexte de cette histoire, de ces antécédents. J’ai donc choisi de faire un premier chapitre directement dans le récit, puis deux chapitres « dans le passé » pour expliquer ce qui amène à cette situation.
Cette technique d’écriture peut-également être utilisée à chaque chapitre. Par exemple, si vous commencez vos chapitres de façon plate , avec toujours le nom du personnage et dire ce qu’il fait, le lecteur peut se lasser et surtout il démarre la lecture avec une impression inconsciemment négative.
ex: chap1 = Jean marchait dans la rue, il faisait beau. Il croisa un chien, mouillé et sale qui venait dans sa direction pour se frotter à lui.
chap 2 = Jean mangeait une banane, elle était bonne, sucrée et ferme comme il les aimait.
C’est assez plat et peu accrocheur. On peut déplacer ces entames de chapitre dans le temps, pour débuter ces chapitres directement au coeur de l’action.
Qu’on peut remplacer par un :
Chap 1: Le chien sale et mouillé vint se frotter contre la jambe de Jean. (le lecteur peut être surpris, il avait quitté jean alors qu’il sortait de chez lui). Il faisait pourtant beau, et Jean ne s’attendait pas à cette rencontre.
Chap 2: Le goût sucré de la banane était un ravissement pour les papilles de Jean. Elle était comme il l’aimait… bla bla bla… (même effet. Le lecteur avait quitté jean en train de rentrer chez lui au chapitre précédent).
Bref, j’espère être clair! ^^
Le principe est un peu le même que celui du cliffhanger de fin de chapitre. Le but est de stimuler le lecteur avec une entame « au coeur du récit » pour éveiller sa curiosité.
Que ce soit dans un incipit, un chapitre, ou la construction même du roman, il faut soigner ses entames. La première impression est souvent celle qui influencera la lecture.
Voilà, en espérant que cette petite contribution sera utile!
Bonjour
Merci pour votre contribution.
Si l’incipit est essentiel, les débuts de chaque chapitre restent importants. L’auteur doit en effet utiliser tous les outils pour influencer et maintenir l’intérêt du lecteur.
Bien à vous
J’ai écrit un policier où j’ai au début introduit un « in média res. » Il est vrai que c’est palpitant, on ne sait rien du personnage en proie à une horreur. Le roman débute ensuite normalement.
Je dois faire un incipit in media res, et votre article ainsi que les commentaires m’ont beaucoup aidés ! J’espère que mon prof sera interressé dès les premières lignes…
Merci pour votre aide !
Super ! Revenez dire si votre prof a apprécié.
À bientôt
Il y a quelques jours de cela je vous ai demander des conseils car je ne sais pas trop comment commencer mon roman et aussi comment faire une bonne description d’un lieu mais je me demande aussi si cela est vraiment nécessaire de décrire le pays où l’action se passe ou si au contraire il faut que je décrive uniquement certains lieux de ce pays
Bonjour
Non, il n’est pas nécessaire de lancer l’artillerie dès le début. Vous pouvez diffuser les infos au compte-gouttes selon les besoin du récit.
Quel est l opposé d’un début in medias res ?
Bonjour
Il existe l’utima res, le récit commence alors par la fin de l’histoire.
Je ne sais pas si c’est la réponse que vous attendiez. Car on ne peut pas dire que ce soit « l’opposé » de l’in medias res
Bien à vous