Cette année encore, la rentrée littéraire s’est imposée avec ses rituels récurrents : la dénonciation de la surproduction éditoriale, la recherche du premier roman événement et le sempiternel débat sur le déclin des lettres françaises. Si le monde de l’édition vous intéresse, je vous conseille de lire le livre d’Olivier Bessard-Banquy, L’Industrie des lettres.

 

Quelques mots à propos d’Olivier Bessard-Banquy

 

Ancien élève de l’Asfored, le centre de formation professionnelle du Syndicat de l’édition, Olivier Bessart-Banquy a travaillé des années à Paris en tant qu’éditeur. Docteur en Sorbonne, il est maître de conférences à l’université de Bordeaux III où il enseigne l’histoire du livre et les pratiques éditoriales. Il est auteur et coauteur de divers ouvrages :

Essais :

  • Le Roman ludique, Presses universitaires du Septentrion, 2003
  • La Vie du livre contemporain, Du Lérot éditeur, 2009
  • Sexe et littérature aujourd’hui, La Musardine, 2010
  • L’Industrie des lettres, Pocket, 2012

Directions d’ouvrages

  • L’Édition littéraire aujourd’hui, Presses universitaires de Bordeaux, 2006
  • La Typographie du livre français (avec Christophe Kechroud-Gibassier), Presses universitaires de Bordeaux, 2008
  • Le Livre érotique, Presses universitaires de Bordeaux, 2010
  • Les Mutations de la lecture, Presses universitaires de Bordeaux, 2012

Ouvrages collectifs

  • L’Édition française depuis 1945, Cercle de la librairie, 1998
  • Gallimard 1911-2011, Un siècle d’édition, Gallimard-BNF, 2011.

 

L’industrie des lettres

Dans ce livre, Olivier Bessard-Banquy brosse un tableau des péripéties de l’édition française depuis 1975. Son projet n’a pu être mené sans rencontrer des obstacles. La “loi du silence” règne dans ce milieu plutôt enclin au secret.

Cette histoire débute donc à la mort de Gaston Gallimard, un monument de l’édition traditionnelle, tandis Bernard Pivot et son émission Apostrophes marque le début d’un nouveau tournant pour la sphère éditoriale.

Au début des années 1970, l’édition est en crise : le livre de poche a désacralisé le livre qui devient un objet de consommation courante, dont les coûts de production s’élèvent alors que son prix reste bloqué.

À la même époque, en pleine période de libéralisation du prix du livre, Jérôme Lindon, patron des Éditions de Minuit, bataille pour le prix unique du livre face à une Fnac en plein essor, qui souligne le poids croissant de la distribution sur le secteur.

Pour Bessard-Banquy, l’irruption de la télévision comme premier prescripteur de littérature joue un rôle indéniable dans la reconfiguration des pratiques éditoriales et littéraires.

L’idée de l’auteur est relativement simple : l’emprise de la distribution, la main mise sur les éditeurs par des grands groupes et leur concentration, et le rôle des médias dans la prescription, conduisent les maisons d’édition à privilégier les best-sellers et autres fast books à une production plus littéraire qui nécessite de s’imposer sur le long terme.

Les best-sellers ne sont pas une invention de la fin des années 1970. Mais ce qui semble dès lors remis en cause, c’est qu’autrefois, un éditeur publiait des livres ayant de fortes chances d’être vendus en masse tout de suite afin de financier des productions plus difficiles mais pouvant s’imposer ultérieurement.

Autrement dit, au fil du temps, le soutien à la création, autrefois pris en charge par les grandes maisons, ne serait plus assuré que par les petits éditeurs aux moyens limités.

L’Industrie des lettres propose une histoire très intéressante de la production littéraire contemporaine vue sous l’angle de l’éditeur.

Je vous conseille vivement de lire ce livre. J’y ai appris pas mal de choses. Je regrette un peu la maigre part dédiée au défi du livre numérique.La 4e de couverture semblait plus prometteuse.Elle aurait mérité d’être plus étoffée.

Bessard-Banquy offre une synthèse vivante grâce aux nombreux entretiens réalisés qui agrémentent son récit chronologique.

Certains reprocheront peut-être au livre de se lire comme un roman (or moi, c’est ce que j’ai préféré) ou de trop se focaliser sur les grands éditeurs (Fixot, Laffont ou Lattès).

En fermant le livre, on se pose la question de savoir pourquoi il y a encore des lecteurs, des auteurs, des éditeurs, des libraires, des distributeurs, des bibliothèques… Mais L’industrie des lettres mérite vraiment d’être lu. Vous aurez au moins une meilleure connaissance du milieu de l’édition actuelle.

Avant de finir, l’auteur Pierre Jourde, qui a fustigé l’état de l’édition littéraire française dans son livre La littérature sans estomac, a préfacé le livre.

Bonne lecture !

À vos succès d’écriture…

 

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