Depuis quelques jours, je reçois de nombreux mails concernant le concours de nouvelles et surtout des questions sur la nouvelle. J’avais prévu de reprendre notre périple américain mais comme les questions qui affluent, je refais un petit point sur ce genre littéraire à part.
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Définitions :
Selon Le Petit Robert ce « récit généralement bref, de construction dramatique » a connu au cours du temps diverses formes, hésitant entre le conte, le roman court, le récit d’un événement particulier…
Sa forme imprécise la rend insaisissable, ce qui complique d’autant d’en fixer ses règles de composition.
La nouvelle peut utiliser tous les genres littéraires et les combiner entre eux : sentimental, autobiographie, polar, science-fiction, etc. On dit souvent qu’elle est l’art de la brièveté, de l’ellipse, du découpage, de la chute, du tableau.
On distingue deux grands types de nouvelle : la nouvelle “à chute” et la nouvelle instant, présentées plus loin.
L’art d’écrire bref :
Selon André Gide, « La nouvelle est faite pour être lue en une seule fois.» Cette caractéristique nécessite donc que l’auteur soit concis, fasse évoluer rapidement son récit, recherche la fulgurance et le saisissement des effets.
Quelques points communs à toute nouvelle :
– Le sujet est unique et restreint
– La durée de l’histoire est un temps resserré
– Peu de personnages
– La concentration de l’action s’accompagne d’une recherche d’intensité
– L’action prime sur la psychologie des personnages, les descriptions…
– Les situations sont évoquées de manière épurées
– Le style est rapide, alerte, incisif, nerveux : du sens et des effets et une économie de mots.
1/ Une nouvelle à chute
Le récit se développe à partir d’une structure réfléchie. Il s’agit d’un mécanisme narratif élaboré pour produire des effets sur son lecteur (surprise, stupeur, révélation…)
L’histoire se noue et se dénoue en une suite d’événements organisés, choisis en fonction des effets que l’auteur cherche à créer.
L’intrigue pose un problème, porte en elle une crise et tend vers une résolution heureuse ou malheureuse.
Travailler l’intrigue, c’est :
- couper le superflu,
- comploter des effets de surprise,
- imaginer des retournements de situation, des révélations.
Une histoire se compose d’une exposition : le héros est présenté en action, l’enjeu d’une difficulté est posé puis développé jusqu’à son paroxysme (le nœud de l’histoire).
Le dénouement est mené sur les chapeaux de roues : c’est ce que l’on appelle des histoires à chute parce que c’est seulement dans la dernière phrase, voire dans le dernier mot que le sens véritable de l’histoire se révèle de manière soudaine.
L’habileté à rédiger une chute constitue le principal critère de réussite : plus l’auteur parvient à subjuguer son lecteur, à le captiver pour l’emmener où il veut jusqu’à la fin où il lui réserve une phrase choc qui clôture le récit sur un effet saisissant, plus le récit est abouti.
2 / La nouvelle instant
Elle ne comporte pas d’intrigue et se centre sur un instant particulier, exceptionnel ou de qualité : un état d’âme, une sensation…
À travers ce récit, un narrateur se met « en scène », explique la situation, illustre des comportements.
La fin n’est pas dictée par la nécessité d’une chute. Ce récit forme néanmoins un ensemble clos qui laisse le lecteur sur une impression d’accomplissement, d’achèvement.
3 / Quelques auteurs de nouvelles :
Période moderne :
- Edgar Allan Poe (américain, 1809-1849)
- Henry James (américain, 1843-1916)
- Guy de Maupassant (1850-1893).
- Robert Louis Stevenson (écossais, 1850-1894)
- Anton Tchekhov (russe ,1860 – 1904).
Période contemporaine
- Arthur Conan Doyle (écossais, 1859–1930),
- Luigi Pirandello (italien, 1867-1936)
- Somerset Maugham (britannique, 1874-1965)
- Graham Greene (britannique, 1904-1991)
- Stefan Zweig (autrichien, 1881-1942)
- David Herbert Lawrence (britannique, 1885-1930)
- Paul Morand (1888-1976)
- Katherine Mansfield (néo-zélandaise, 1888-1923)
- Francis Scott Fitzgerald (américain, 1896-1940)
- Vladimir Nabokov (russe, 1899-1977)
- Jorge Luis Borges (argentin, 1899-1986)
- Howard Phillips Lovecraft (américain, 1890-1937)
- Marcel Aymé (1902-1967)
- Robert Ervin Howard (américain, 1906–1936)
- Dino Buzzati (italien, 1906-1972)
- Naguib Mahfouz (égyptien, 1911-2006)
- Julio Cortazar (argentin, 1914-1984)
- Roald Dahl (gallois, 1916-1990)
- Carson McCullers (américaine, 1917-1967)
- Leonardo Sciascia (italien, 1921-1989)
- Patricia Highsmith (américaine, 1921-1995)
- Daniel Boulanger (1922-)
- Italo Calvino (italien, 1923-1985)
- Richard Matheson (américain, 1926-)
- Annie Saumont (1927-)
- Philip K. Dick (américain, 1928-1982)
- William Trevor (irlandais, 1928-)
- Raymond Carver (américain, 1938-1988)
- Franck Pavloff (1940-)
- Danièle Sallenave (1940-)
- Frédéric H. Fajardie (auteur du plus grand nombre de nouvelles au XXe siècle : 365, 1947-2008)
- Georges-Olivier Châteaureynaud, (1947-)
- Hubert Haddad, (1947-)
- Didier Daeninckx (1949-)
- Bernard Werber (1961-)
- Éric Faye (1963-)
- Amélie Nothomb (1967-)
Comme vous le voyez, les références ne manquent pas et il y en a dans tous les genres littéraires !
Fouillez et lisez..
Je relis toujours avec le même émerveillement Stefan Zweig ou William Trevor, deux grands nouvellistes.
Voilà pour les réponses à vos questions. J’espère que ce petit point sur la nouvelle vous a aidés.
Maintenant lancez-vous dans le 1er concours de nouvelles du blog et bonne écriture.
À bientôt…
Bonjour Marie-Adrienne ! Merci pour cet article qui tombe évidemment à pic pour beaucoup d’entre nous (… mais c’est peut être voulu non ? ^^ ), et qui répond du coup, à la question qui me bloquait.
Je dois dire que c’est très rassurant de voir que, non seulement vous nous conseillez bien, mais on voit que vous êtes vraiment présente avec nous.
Bon, je retourne à mon histoire moi…
Bonjour Eric
Oui, cet article est voulu. Trop de questions arrivaient dans ma boite mail au sujet de la nouvelle. Et plutôt que de répondre individuellement, j’ai pensé qu’un article pouvait intéresser tous les lecteurs du blog.
Bon courage !
Chère Marie-Adrienne,
Merci pour ces conseils et vos lumières sur ces points…
Si vous avez svp , une structure encore plus détaillée pour écrire une nouvelle, quel qu’en soit le genre, n’hésitez pas.
Quelles sont parmi les nouvelles que vous avez lues, de Zweig , de Trevor ou d’un autre …vos TOP 5?
Merci.
Bien à vous.
Sincèrement.
Magali
Magali
Pour Zweig, il me sera difficile de dire quelle nouvelle j’ai préférée… Je suis une fan de l’auteur. Je ne me lasse jamais de relire son oeuvre. J’ai l’impression chaque fois de découvrir de nouvelles techniques d’écriture et d’apprendre encore et encore.
Trevor, j’ai aimé ses livres, Mauvais nouvelles et Très mauvaises nouvelles. J’avoue quand même que les nouvelles ne sont pas de qualité égale. Mais certaines dans ces deux recueils sont excellentes.
J’ai beaucoup aimé et découvert avec la collection Trésor de la nouvelle de la littérature française, irlandaise, allemande, anglaise, ruse, américaine… C’est chaque fois un livre différent. Puisez sans modération.
Bonne lecture !
PS : pour la structure… j’y réfléchis !
Bonjour merci beaucoup pour ces précisions indispensables sur l’art de la nouvelle, qui n’est pas un genre mineur, loin s’en faut! J’avais besoin d’avoir des certitudes pour participer à une masterclass d’écriture littéraire.vous m’avez donné envie de relire Stefan Zweig. Merci!
Bonjour
Relire Zweig encore et encore. On apprend chaque fois !
Bonne lecture