Tous héritiers d’un passé littéraire
Toute personne qui écrit a un style lié à sa personnalité. Mais il suffit de lire celles et ceux qui nous ont précédés pour trouver un groupe à rejoindre. Identifier à quelle famille d’écrivains vous pouvez plus ou moins vous apparenter est un excellent moyen de se situer.
J’aime cette très belle phrase de Julien Gracq : Préférences (1961 – Éditions José Corti)
« Tout livre pousse sur d’autres livres, et peut-être que le génie n’est pas autre chose qu’un apport de bactéries particulières, une chimie individuelle délicate, au moyen de laquelle un esprit neuf absorbe, transforme, et finalement restitue sous une forme inédite non pas le monde brut, mais plutôt l’énorme matière littéraire qui préexiste à lui. »
Nathalie Sarraute évoquait la littérature comme une continuité, une course de relais jamais interrompue. Elle fut elle-même un exemple pour Marie Darrieussecq. Mark Twain, lui, ne cessa d’inspirer des auteurs aussi éminents qu’Ernest Hemingway ! Dessinateurs, peintres, danseurs, sculpteurs et autres artistes, tous démarrent en imitant ceux ou celles qu’ils admirent. Alors, faites de même !
Chaque auteur a un maître ou plusieurs, des modèles à qui il souhaite ressembler parce qu’il admire leur façon d’écrire. C’est en pastichant ses auteurs préférés qu’on apprend soi-même à écrire.
L’originalité de votre écriture ne tient pas dans la négation des influences ou l’effacement de vos lectures mais dans leur sublimation. Imprégnez-vous et fondez cet héritage dans la création qui portera votre empreinte personnelle d’auteur.
Choisir ses maîtres d’écriture
- S’intéresser aux livres écrits par les autres
Je rencontre parfois des personnes qui ambitionnent d’écrire mais qui lisent très peu. Dommage car rien ne remplacera jamais l’expérience que l’on acquiert en lisant les autres.
Comment se faire une idée de la qualité de votre écriture sans avoir lu celles et ceux que vous espérez rejoindre ? Je reviendrai sur ce point dans un autre article
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Imiter ses auteurs favoris
Attention, je n’ai pas dit plagier. Non, ce que je propose est plus subtil :
- Prenez pour modèle la manière d’écrire des meilleurs.
- Imitez-les pour les comprendre.
- Détachez-vous de cette écriture et ouvrez à votre propre style.
Si vous connaissez déjà vos maîtres en écriture, choisissez des extraits de leurs œuvres et poursuivez sur le même ton et avec le même style.
Pour vérifier si votre style est fondu dans celui de votre auteur favori, demandez à un ami de lire votre texte en lui indiquant bien que vous avez écrit une partie. S’il ne parvient pas à la distinguer, vous aurez franchi une étape déterminante dans votre chemin d’écriture.
Moi, je suis fan absolue de Stefan Zweig, Albert Camus, Marcel Proust, Georges Simenon… Mes chers maîtres d’écriture !
Quels sont les vôtres ? Avez-vous déjà tenté de les imiter ?
À vos claviers… et à bientôt
Bien le bonjour,
Cela fait quelques mois déjà que tu as posté ceci mais je ne pouvais pas m’empêcher de rigoler en lisant le nom des auteurs que tu lis. Ce n’est pas péjoratif envers toi-même, simplement la majorité de ceux que tu as cité sont des personnes qui ont écris des romans dramatiques. Tu me fais penser à certains bourgeois qui disent « Mon fils est Proust, ha vous ne le saviez aucunement..? ». Pour ma part, je suis Très Célinien, je trouve que tous les autres sont « lourd » dans leurs paroles. Je te conseil si ce n’est déjà fait » Voyage au bout de la nuit » de Céline, puis » D’un Château l’autre » etc..
Amicalement ! Melvin
Bonsoir Melvin
Bienvenu sur le blog !
Petit rectificatif… je ne cite pas les auteurs que je lis, j’ai cité certains de ceux que j’aime.
Quant à Céline, j’ai lu beaucoup de son oeuvre même « Bagatelles pour un massacre » ou « L’école des cadavres ».
Pour moi, Voyage au bout de la nuit est un chef d’oeuvre essentiel à notre compréhension du développement du genre romanesque. Je l’ai lu plusieurs fois. N’oublie pas que je suis une passionnée d’écriture… Cependant, j’aime aussi ceux que tu trouves « lourds ».
Enfin, si je t’ai fait rire, c’est déjà cela… Quant à m’imaginer en bourgeoise, ça, on ne le l’avait jamais fait. Mais bon, on ne se connait pas alors tu ne pas savoir.
Salut Melvin. À quand tu veux
Bonjour,
Article très intéressant encore une fois, merci beaucoup. Pour ma part, les écrivains que j’admire ont des styles très différents les uns des autres. J’aime l’épure d’Eric Chevillard et de Jean Echenoz autant que le foisonnement de Frankétienne. Du coup, quand j’écris, je trouve difficile de garder un style constant car le mien se déforme au fil de mes lectures !
Caroline
C’est normal d’être influencée par ses lectures. Je pense néanmoins que vous devez quand même vous sentir plus proche d’un des auteurs que vous citez. Il y a un « monde » entre l’écriture épurée des uns et l’écriture foisonnante des autres. Trouver son style reste le plus compliqué pour un écrivain. D’autant, qu’il n’est pas franchement figé. Il se bonifie, s’enrichit et s’affine au fil du temps, des découvertes littéraires que l’on fait et de votre expérience.
Bien à vous
C’est vrai qu’il faut pas mal lire… J’ai des inspirations très diverses pour ma part, ça va de Mme de Lafayette à Guillaume Musso, et ça change en fonction des auteurs que je découvre.
Cela dit je ne dirais pas qu’on choisit son style, c’est lui qui s’impose de lui-même. Si on choisit délibérément d’imiter tel ou tel auteur, on se sent rapidement mal à l’aise et ça finit par rater. C’est comme le thème sur lequel on écrit, on est beaucoup plus performant sur quelque chose qui « s’impose » à nous. L’imagination a un petit côté dictateur, mais le tout est de savoir vivre avec !
Cela dit merci de cet article, il est intéressant 🙂
Bonjour
Vous êtes la bienvenue !
Cet article me fait pensé à Alain Robbe grillet dans son essai « pour un nouveau roman », il y a théorisé ce concepts un peut de « course de relais » que mentionne Nathalie Sarraute. L’ingestion, la digestion et la réutilisation différente des textes d’auteurs postérieur.
La nécessité de lire et de s’imprégner des écrit d’autres auteurs m’a toujours paru être une évidence. Cela dit je me suis toujours senti étrange puisque les grands textes littéraires m’ont toujours rebuté. Et pourtant j’ai fais des études littéraire donc j’ai tenté de persévéré. Mais l’avantage c’est que ces grands ouvrages que tout le monde citaient et que j’avais en horreur m’ont permis de comprendre le genre d’écrit que je ne voulais surtout pas produire.
Peut être aussi est ce que ça vient du faite que je suis plus intéressé par la période entre la pré-adolescence et le début de l’âge adulte.
Les textes littéraire vus comme classique m’ont toujours parut trop net, trop travaillé au point de paraître artificiel, et les texte plus actuel écrit trop vite, sans trop de travail. C’est comme si il n’y avait pas de juste milieu, je me suis toujours sentis perturbé par cet aspect. Mais peut être est juste que je n’ais pas encore trouvé les bon ouvrages.
En tout cas, c’est pour cette raison que j’ai toujours eu envie d’écrire ce que je ne suis jamais arrivé à trouvé en librairie.
très intéressant
merci,
Bonsoir,
J’ai essayé votre méthode, mais je ne sais pas si je dois m’y fier. J’ai pris un passage du roman « La prisonnière de Malte » de David Ball.
A vrai dire, je n’ai pas vraiment imité, mais j’ai comme créé comme une suite.
Je l’ai donné à mon ami, lui disant qu’il y a un passage qui est mien, mais il n’a pas pu le distinguer. J’ai réessayé trois fois avec de personnes différentes. Aucun n’a pu percevoir la différence. Je ne sais pas si ce sont des personnes inexpérimentées ou si j’imite très bien cet auteur à force de le lire.
Dois-je vraiment m’y fier ?
Testez avec d’autres auteurs.
Bien à vous
Bonjour,
Je suis heureux de voir un article au sujet des inspirations. J’ai moi-même commencé à écrire il y a peu (ou plutot, j’ai écrit un peu, fait une grosse pause, et m’y remet en ce moment), et je m’inquiétais de voir que je parvenais difficilement à m’affranchir de mes auteurs préférés. J’écris de la fantasy, dont je suis grand amateur depuis mon plus jeune âge, et souvent involontairement, mes écrits ressemblent beaucoup à ceux de Tolkien. Cependant, la ressemblance est souvent dans l’intrigue, les personnages, etc, mais assez peu dans le style. En effet, à l’exception des scènes d’action où mon écriture ressemble en effet à celle de Tolkien, ou de George Martin par moment, mon style s’apparente plus à celui d’Hugo, notamment dans les descriptions. Pensez vous que je devrais chercher à me détacher de ces auteurs pour me bâtir une écriture qui me soit propre (ma grande peur étant de ne jamais créer quelque chose de nouveau, en ne faisant que des réécritures des oeuvres de Tolkien), ou au contraire, que je devrais complètement assumer ces inspirations ?
Bonjour
Ne vous inquiétez pas. Nous sommes tous « inspirés de »… C’est vrai pour les musiciens, c’est vrai pour les écrivains !
A force de travail, vous resterez « inspiré de » mais vous forgerez peu à peu votre voix d’écrivain.
Donc assumez vos inspirations. Quand on interviewe un chanteur, il n’est pas rare d’entendre. « J’ai beaucoup écouté tel ou tel groupe et je me suis beaucoup nourri du rock anglais qui a bercé mon adolescence… »
Les écrivains devraient-ils rester les seuls hermétiques aux inspirations, à leurs auteurs favoris, à leur lectures préférées, à leur genre, à leur maître d’écriture ? Certainement pas.
Bien à vous
Bonjour,
pour ma part ce sera:
– Raymond E.Feist
– Agatha Christie
– Arthur Conan Doyle
– Carlos Ruiz Zafon.
Bonjour,
Moi j’aime beaucoup :
– Jessica Burkhart
– G. Bruno
– Titania Woods
– A. Buckeridge